Les téléchargements illégaux font plonger les ventes de disques? Les artistes ont trouvé un nouveau filon pour combler leur perte de revenus: participer à de grands festivals de musique, merchandising inclus, comme Rock in Rio près de Madrid.

Organisé sur cinq journées, entre les 4 et 14 juin à Arganda del Rey, près de Madrid, ce festival accueille cette année des stars internationales comme Rihanna, Shakira, l'idole des adolescents Miley Cyrus, les vétérans Bon Jovi et Metallica.

Les organisateurs attendent 320 000 spectateurs, contre 290 000 lors de la précédente édition en 2008, malgré la crise économique qui frappe durement l'Espagne.

Une aubaine pour les artistes car pendant les concerts, «les revenus sont assurés, grâce notamment au merchandising», constate pour l'AFP le spécialiste Gary Bongiovanni, président de Pollstar, un société basée en Californie qui fournit des informations sur les concerts et tournées sur internet.

D'autant que dans le monde entier, les ventes de CD baissent inexorablement, concurrencées par les téléchargements souvent illégaux de musique sur internet.

Selon le magazine Billboard, les ventes d'entrées de concerts dans le monde, qui s'élevaient à 1,4 milliard d'euros en 2000, avaient plus que doublé en 2009, tandis que les ventes de disques baissaient de 65 % sur la même période.

«Il y a vingt ans, les artistes faisaient des tournées pour vendre des disques. Aujourd'hui, ils font des tournées pour gagner de l'argent et éventuellement pour vendre quelques disques en plus», ajoute M. Bongiovanni, selon qui le business des concerts «a considérablement progressé».

L'importance croissante des revenus issus des concerts a même poussé une artiste comme Madonna à abandonner sa maison de disque historique, Warner Music, pour signer un accord exclusif avec Live Nation, le plus grand promoteur mondial de concerts.

Et pour faire venir toujours plus de spectateurs, les grands festivals, comme Rock in Rio, créé en 1985 au Brésil, multiplient les activités proposées aux spectateurs pour finalement ressembler davantage à de vastes parcs d'attraction.

«Rock in Rio est plus un parc à thème qu'un festival de musique», reconnaît son fondateur, le Brésilien Roberto Medina, dans un entretien au quotidien El Pais.

Installée sur une esplanade de 200 000 m2, la «cité du rock», telle que baptisée par ses organisateurs, vise une clientèle familiale. Pour cela, elle compte une grande roue, des attractions, restaurants, magasins de souvenirs, feux d'artifices...

Un grand magasin espagnol y organise chaque jour un défilé de mode où les festivaliers peuvent jouer aux mannequins.

Pour promouvoir une marque de préservatifs, des acteurs déguisés en John Lennon et Yoko Ono, recréent à Rock in Rio le célèbre «bed-in» du couple à l'hôtel Hilton d'Amsterdam et proposent au public de se faire prendre en photo avec eux.

«Il y a des tonnes de choses à faire», s'exclame Javi Amaro, un Madrilène de 23 ans. Après avoir surfé sur une planche mécanique et chanté à un karaoké, il prévoit d'assister dans la soirée au concert de la star colombienne Shakira.

L'entrée coûte 69 euros. Le festival vend aussi des tickets VIP qui permettent, pour 275 euros, d'assister aux concerts depuis un chapiteau climatisé, et d'accéder aux coulisses.

«C'est un peu cher, mais c'est plus qu'un concert, c'est une grande fête», assure Carmen Garcia, 27 ans, des lunettes de soleils en forme de coeur sur le nez, tranquillement installée avec des amis dans une des zones «chill out» du festival.