C'est avec un ¡Hola Québec! bien senti, placardé aux quatre coins de la ville sur de grandes affiches bleues arborant une fleur de lys, que les organisateurs du 37e festival Cervantino de Guanajuato ont accueilli les artistes de la Belle Province.

Visiblement, Guanajuato, jolie ville coloniale du centre du Mexique, attendait le Québec, invité d'honneur cette année, de pied ferme pour le début des festivités hier. Si bien que les organisateurs, heureux d'accueillir la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, l'ont présentée par erreur à quelques reprises lors d'une cérémonie comme... première ministre du Québec, faisant ainsi sourire les représentants de la délégation québécoise qui étaient sur place. Ils ont ensuite corrigé le tir.

Par ailleurs, les nombreuses images de fleurs de lys formées avec des papillons monarques - symbole d'unité puisqu'ils voyagent chaque année entre le Québec et le Mexique - ne pouvaient échapper à l'oeil des nombreux visiteurs qui ont débarqué en grand nombre hier.

Les touristes, appareils photo à la main, ont d'ailleurs gagné la ville tôt hier matin. Les nombreuses terrasses ont rapidement été prises d'assaut et les bouchons de circulation ont donné des maux de tête aux chauffeurs de taxi qui tentaient de se rendre dans le centre historique.

Chaque année, la manifestation, à laquelle participent les représentants d'une vingtaine de pays, attire des visiteurs provenant des quatre coins du Mexique, mais également de partout dans le monde. Une chance inouïe pour les artistes québécois, notamment l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), Mutek, le Caroussel, O Vertigo, le Cirque Éloize, de séduire le public mexicain et étranger.

Mais en dépit des symboles québécois qui envahissent la ville, les habitants du pays de la tequila et des sombreros connaissent-ils vraiment la culture d'ici? «Bien sûr!» répond sans hésitation le directeur de la programmation du festival Cervantino, Jaime Marquez Diez-Canedo. Il souligne que les spectacles du Cirque Éloize ou encore ceux de Robert Lepage ont souvent été produits au Mexique.

Même chose pour le Théâtre Sans fil qui, en est à sa troisième visite au Mexique et qui a présenté, hier, le spectacle d'ouverture, juste avant l'OSM.

«Ils connaissent de plus en plus notre culture, estime André Viens, directeur artistique et général du Théâtre Sans fil, rencontré hier après-midi à l'Esplanada de la Alhondiga, alors que plusieurs travailleurs s'affairaient à préparer la scène en vue du spectacle présenté en soirée. Il y a une percée évidente des compagnies québécoises au Mexique.»

Par ailleurs, venu de Mexico, comme plusieurs autres de ses collègues, Manuel Lino, journaliste pour El Economista, ajoute pour sa part que le Québec a la réputation d'être extrêmement créatif sur le plan artistique. «Même si les gens ne connaissent pas tous les groupes québécois qui sont ici, ils vont être curieux de les découvrir. Ils seront confiants de voir des spectacles de qualité», croit-il.

Mais pour Alejandra, serveuse au Café Arte, tout reste encore à découvrir. Interrogée sur ses connaissances québécoises, elle a admis, en rougissant, en savoir bien peu pour le moment. «Je sais que là-bas, les gens parlent français, que c'est beau et... qu'il fait froid.» C'est un début. Elle aura jusqu'au 1er novembre, fin du festival, pour tenter d'en savoir un peu plus.

Le début des festivités d'hier a été marqué par deux spectacles inauguraux: celui du Théâtre Sans fil, présenté en plein air, suivi du concert de l'OSM au Teatro Juarez.