Montréal, ville des festivals, a semé la tempête au Québec. La décision des FrancoFolies de déménager en juin, une «question de survie» selon Alain Simard, soulève les critiques acerbes des autres organisations estivales, notamment le Festival d'été de Québec. Cependant, contrairement à il y a quatre ans, lorsqu'un tel bouleversement du calendrier des festivals avait été envisagé, Québec et Montréal semblent s'en laver les mains.

Les bonnes nouvelles du bilan des 21es FrancoFolies, annoncées hier en conférence de presse, resteront dans l'ombre de l'annonce du déménagement permanent du festival en juin à compter de 2010, un changement de calendrier souhaité depuis longtemps par les organisateurs.

Selon Alain Simard, président et cofondateur des FrancoFolies montréalaises, il y va de la survie du festival, qui accumule les déficits lorsqu'il est présenté en août.

Ainsi, les 22es FrancoFolies auront lieu du 9 au 19 juin 2010. Le nouveau calendrier amène même l'équipe Spectra à devancer de près d'une semaine le 31e Festival international de jazz, qui commencera le 25 juin au lieu du 6 juillet, ce qui permettra de réaliser d'importantes économies.

«En évitant le démontage, puis le remontage des scènes et des installations extérieures pour les deux événements, on épargne environ 250 000 $», estime Alain Simard. Il ajoute qu'une étude indépendante du ministère du Tourisme du Québec affirmait que les FrancoFolies doivent fonctionner avec un manque à gagner annuel qui varie entre 400 000 $ et 600 000 $. Lorsque les FrancoFolies ont été présentées au mois de juin, en 2006, elles s'étaient terminées avec un budget équilibré.

Du même souffle, Spectra «s'engage à ne jamais chevaucher la Fête nationale, qui bénéficiera aussi de l'impact de cette nouvelle concentration festivalière en juin», indique-t-on dans le communiqué de presse.

«Pendant la Fête nationale, nous n'aurons qu'à changer les bannières et les affiches des commanditaires» pour habiller les FrancoFolies et le Festival de jazz.

Réclamé depuis plusieurs années, le déménagement en juin est désormais possible grâce au consensus qui s'est dégagé du Sommet Montréal Métropole culturelle de l'automne 2007, affirme Alain Simard.

«Depuis le Sommet, tout le monde s'entend pour multiplier les festivals et faire de Montréal une sorte d'Édimbourg», ville écossaise citée en exemple pour sa riche programmation festivalière. «C'est une question de développement stratégique: il faut maximiser l'utilisation de l'espace public pour les citoyens».

Le nouveau calendrier des FrancoFolies libérera ainsi la place des Festivals dès le début juillet. Cela qui permettra au Festival Juste pour rire d'occuper à son tour les nouveaux lieux, dans lesquels, insiste M. Simard, «les gouvernements ont investi 120 millions de dollars. En juin, il y a un potentiel de développement», pour les festivals autant que pour l'industrie du tourisme, moins dynamique en juin qu'en juillet.

«La réalité objective, on l'a étudiée, avec Gilbert [Rozon, président de Juste pour rire], les bureaux du tourisme et la Ville. La seule solution pour que Juste pour rire puisse occuper la place des Festivals, c'était le déménagement des Francos.» Celui du festival Juste pour rire avait même été envisagé: «Cependant, il aurait fallu tenir les FrancoFolies juste après le Festival de jazz, dans les anciennes dates de Juste pour rire, donc pendant le Festival d'été de Québec.»

Prêt à discuter

Le président de Spectra assure qu'il est prêt à discuter avec les différents organismes culturels qui pourraient se considérer comme lésés par le déménagement des FrancoFolies. Alain Simard indique en avoir déjà discuté avec certains organisateurs.

«On n'est plus à l'époque des chicanes de clocher. On est à l'époque où les gouvernements ont investi des dizaines de millions de dollars dans les festivals. Il faut se serrer les coudes et travailler ensemble pour assurer le rayonnement de nos événements et de notre ville à l'international. En fin de compte, un événement comme Présence autochtone pourra profiter des retombées, de la présence des journalistes qui viennent aux FrancoFolies et au Festival de jazz.»