Juliette Gréco, une légende vivante de la chanson française, fera revivre ses classiques en spectacle dimanche soir à Montréal, mais elle interprétera aussi ses nouvelles chansons, fruit d'une collaboration avec des artistes de la relève.

Visiblement en pleine forme, celle qui a frayé avec les Boris Vian, Jean Cocteau, Serge Gainsbourg, Léo Ferré et Georges Brassens, entre autres, a fait courir les médias vendredi dans le cadre des FrancoFolies, deux jours avant sa prestation à la Place des arts.

Mme Gréco, âgée de 82 ans, toujours alerte, franche, directe et pince-sans-rire, interprétera des chansons de son tout récent album «Je me souviens de tout», pour lequel elle a obtenu des textes et musiques de membres de la génération montante, dont Olivia Ruiz, Adrienne Pauly et Abd Al Malik, un adepte du slam.

Interrogée sur cette belle collaboration avec ces membres de la nouvelle chanson française, elle a indiqué qu'elle «slamait» depuis longtemps et que les gens, de toute façon, sont, dit-elle, «habitués de me voir arriver avec des trucs bizarres».

Mme Gréco continue à mordre dans la vie et semble en harmonie avec la nouvelle génération d'artistes.

«Je continue à m'intéresser à tout ce qui est neuf, a-t-elle dit, de ce qui vient de l'être, ça me passionne. Les gens qui arrivent dans ce métier, je les regarde avec beaucoup d'attention, d'amour et même d'inquiétude», a déclaré Mme Gréco.

Toutefois, Juliette Gréco qui tient mordicus aux «choses anciennes», interprétera des incontournables, des chansons de Brel et de Gainsbourg, «tous ceux que je transporte en moi comme des trésors», a-t-elle confié lors de sa conférence de presse qui a duré 25 minutes.

Ces chansons d'une autre époque lui rappellent d'ailleurs les belles rencontres de la période de Saint-Germain-des-Prés, après la guerre, alors que les gens de son milieu étaient «libres, insolents et fiers alors qu'aujourd'hui, le monde ne se rencontre plus», a-t-elle déploré.

Sur scène, on pourra voir la grande dame de la chanson flanquée du pianiste Gérard Jouannest, avec qui elle a une belle complicité. «Gérard a un humour fracassant. Je ne serais pas resté tant d'années avec lui si on ne se faisait pas rire ensemble, et si on n'avait pas de joie de vivre et de partage de bonheur», a-t-elle précisé.

Interrogée sur sa longue carrière, riche de plus de 60 ans, Juliette Gréco, philosophe, dira qu'elle est demeurée fidèle à ce qu'elle aimait, fidèle à ses amours et à ses refus, faisant allusion au refus politique, au refus de certains gens, et de certaines manière d'être. «J'en ai eu pleins (de refus). J'ai appris à dire non avant de dire oui», a-t-elle pris soin de préciser.

Mais face à l'avenir, elle se montre inquiète des événements qui secouent la planète, dont la guerre et le chômage, qui fait selon elle «que les gens sont moins libres».

Juliette Gréco a eu de bons mots pour le Québec et Montréal en particulier, où elle est arrivée tard jeudi soir.

«Les gens sont vivants, généreux, contents de vous voir. Il y a beaucoup de sourires, d'humanité, et de tendresse.

J'aime ce pays et les gens de ce pays. Ils n'hésitent pas à te souhaiter la bienvenue alors qu'en général, chez nous, on nous regarde comme si on venait de voler le Sacré-Coeur», a-t-elle relaté, faisant rire celui qui l'a présentée un peu plus tôt, Guy Latraverse, le co-fondateur des FrancoFolies.

D'autre part, Juliette Gréco a estimé que la chanson francophone se porte plutôt bien, se félicitant entre autres du nombre élevé de femmes dans le métier.

Celle qui a défendu toute sa vie le principe de liberté, a effectué de nombreuses tournées et eu une longue carrière au cinéma des deux côtés de l'Atlantique dans les années 1950, avant de revenir à la chanson dans les années 1960.

Juliette Gréco a enfilé des dizaines de succès dont Jolie Môme, Accordéon, Paris canaille, La Javanaise et Déshabillez-moi, des chansons qui ont traversé le temps.