La Place des festivals, dont les gens du Jazz rêvaient pour le... 20e anniversaire de leur grand festival ne sera pas finie pour le 30e, mais le nouveau maître-lieu du spectacle montréalais sera «assez prêt» pour y présenter une des plus grandes séries de concerts gratuits des annales de l'événement.

À commencer par celui de Stevie Wonder qui inaugurera la place le mardi 30 juin avec un spectacle poids lourd dont on sait déjà qu'il passera à l'histoire du spectacle montréalais - Stevie Wonder gratis... - sinon à celle du jazz. Mais attendons voir: le monsieur et son orchestre connaissent «l'idiome» et ils savent où ils joueront ce soir-là. «Little Stevie» a d'ailleurs promis un spectacle d'au moins deux heures et demie, nous disait Laurent Saulnier, hier au dévoilement de la programmation extérieure du 30e Festival international de jazz de Montréal.

 

D'autres événements spéciaux 30e anniversaire seront présentés sur la même grande scène General Motors, dernière du nom, car le constructeur automobile, 10 ans et 20 millions plus tard, quitte le FIJM pour se consacrer à sa «réinvention». Sur la grosse affiche donc: Florence K (le vendredi 3 juillet), Patrick Watson (dimanche 5), une soirée Rocksteady (mardi 7) qui nous ramènera aux origines du reggae, Jesse Cook, le chouchou des Montréalais(es), Nikki Yanofski, qui doit bien avoir 16 ans maintenant, et en clôture (dimanche 12 juillet) Ben Harper, lui aussi un vieil habitué du FIJM. La dernière fois que Florence K a chanté au Festival de jazz, elle était enceinte; sa taille de scène retrouvée, elle présentera La Noche de Lola, «une fiesta dense et intense», nous dira la jeune chanteuse (et jeune mère) de cette adaptation festivalière de son CD La Historia de Lola.

Gros festival pour Florence K qu'on entendra sur le CD 30e anniversaire du FIJM où elle s'est jointe à quelques têtes couronnées de la chanson québécoise. Certains ont soit enregistré des standards jazz spécialement pour l'occasion - elle chante I Got a Spell on You, façon Nina Simone, et apparence que Daniel Lavoie crache le feu dans Send in the Clowns. D'autres ont tiré une pièce idoine de l'un de leurs disques; ainsi on entendra l'interprétation de Petite fleur que Jean Leloup avait faite sur La vallée des réputations et Nature Boy, le vieux hit de Nat King Cole repris par Céline Dion sur A New Day. Et que chantent Ginette Reno, Éric Lapointe et Daniel Lavoie? On le saura le 30 juin.

Le lendemain, les Montréalais retrouveront le site de leur festival passablement chamboulé... ou renouvelé, selon le cas (voir l'article de Daphné Cameron en page 2). Le blues déménage sur De Maisonneuve et revient en reprise à minuit 30 à l'Astral, la nouvelle salle de la Maison du jazz. Le Salon de la guitare, déjà un des plus courus par les luthiers du monde, s'en va au Palais des congrès (3-4-5 juillet). Le Salon de la musique aussi quitte le Complexe Desjardins et s'installe dans la rue (10-11-12 juillet), dans ce nouveau Village de la Musique, à l'angle de Maisonneuve et de Bleury, où se tiendra aussi l'exposition sur Blue Note, fabuleuse étiquette de jazz qui fête ses 70 ans.

Cet énorme jeu de chaises musicales - seul le Club Jazz Canada Trust, près du TNM, ne bouge pas - ne change rien au nombre de séries et de spectacles, une trentaine par jour dont on peut consulter la liste sur l'autre nouveau site, montrealjazzfest.com, remis en ligne hier dans une version revampée.

La Place, la Maison, la salle, ce centre-ville qui revit «au bénéfice des générations futures»: hier, après cette conférence de presse-marathon, nous demandions à Alain Simard, le président du FIJM, s'il entretenait quelque crainte à la veille de cette autre mégafête quinquennale. Petite crainte: «Comment on va faire pour accoter ça l'an prochain?»