Étant donné la force des arts du cirque à Montréal, l'idée de cet événement, qui se tiendra durant deux semaines en juin et présentera des spectacles dans plusieurs lieux de Montréal, allait pratiquement de soi.

Fait exceptionnel, toutes les forces vives du milieu - Cirque du Soleil, Cirque Éloize, Les 7 doigts de la main, la TOHU, l'École nationale de cirque et le regroupement En Piste - collaborent depuis l'automne dernier à mettre sur pied un festival.

«Les Européens sont plus au courant du fait que Montréal est une capitale internationale du cirque, que les Montréalais. Il est temps d'en profiter et d'en faire profiter Montréal. Il est temps d'affirmer qui on est, de s'assumer», croit Jeannot Painchaud, fondateur et codirecteur du Cirque Éloize.

La fête se voudra accessible avec des spectacles payants et des activités gratuites, un marché pour les diffuseurs et producteurs, des rencontres, conférences et ateliers. Les organisateurs rêvent de présenter un jour un grand défilé, mais on n'y retrouvera pas d'animaux ou de compagnies à la Barnum & Bailey.

« Ce ne sera pas un festival où l'on fermera des rues, explique le directeur de la TOHU, Stéphane Lavoie. Au contraire, on pourra jouer dans une salle à Pointe-aux-Trembles ou dans un parc du West Island. On veut que d'autres partenaires s'approprient l'événement : hôtels, restaurants, musées, aéroport. On peut imaginer des menus et des forfaits cirque. Montréal sera complètement cirque.»

Beaucoup d'activités auront évidemment lieu à la Cité des arts du cirque à Saint-Michel, mais aussi dans le Vieux-Port de Montréal. Tout ne sera pas prêt cependant en 2010. Le festival compte grandir au rythme de ses possibilités financières, limitées pour le moment.

Mais il est trop tôt pour parler budget et programmation, souligne Stéphane Lavoie. Le premier festival s'articulera autour de la présentation des spectacles des finissants de l'École nationale de cirque auxquels assistent déjà les diffuseurs et producteurs étrangers.

«On ne part pas de rien, assure Marc Lalonde, directeur de l'École. Il y a plusieurs années de travail derrière la réputation de Montréal. Chacun de nous assurera sa présence à sa façon et un festival représente une occasion de faire des choses autrement.»

Des surprises

Il faut donc s'attendre à des surprises de la part de nos troupes québécoises qui voyagent partout dans le monde. Belle façon pour le Cirque du Soleil, notamment, de faire taire les critiques qui lui reprochent encore l'absence d'un spectacle permanent à Montréal.

«C'est une façon d'y répondre, mais pas la seule, note Gaétan Morency, vice-président au Cirque du Soleil. On a tellement donné de représentations à Montréal en 25 ans et il y en aura encore beaucoup dans les prochaines années. Un festival ouvre la porte à d'autres possibilités.»

«Ça va fouetter notre imagination dans le but de présenter quelque chose de différent, ajoute Nassib Samir El-Husseini de la troupe Les 7 doigts de la main. Pour les artistes de cirque, ce sera une merveilleuse fête avec les amis venant du monde entier. On est invités partout, mais on invite rarement. Ce sera le cas désormais.»

De son côté, le regroupement national des arts du cirque, En Piste, pilotera dans les prochains mois une étude sur les retombées économiques de l'événement. L'organisme, qui englobe tout le milieu du cirque québécois, s'occupera également de la mise en valeur du festival.

«La discipline du cirque en est à une nouvelle étape de développement à Montréal, note la directrice, Suzanne Samson. Tout arrive au bon moment.»

La TOHU possède dans ses cartons des spectacles qu'elle ne peut présenter en saison et qui pourront trouver une niche au festival : des formes de cirque plus théâtrales ou petites, le cirque social, de loisir, d'ici et d'ailleurs. Chose certaine, il ne s'agira pas d'une compétition comme le Festival mondial du cirque de demain à Paris.

Montage financier

Pour l'instant, les organisateurs préparent un premier montage financier du festival. Le projet a été présenté aux instances municipales et a été accueilli favorablement, selon des sources proches du maire Gérald Tremblay, dans le cadre du projet de faire de Montréal une métropole culturelle de calibre international.

En février dernier, le ministre du Développement économique, désormais aux Finances, Raymond Bachand, lançait un défi aux créateurs de cirque lors d'un dîner de la Chambre de commerce.

«Nous, Québécois, nous avons réinventé l'art millénaire du cirque. Nous avons le Cirque du soleil, le Cirque Éloize, Les 7 doigts de la main, la TOHU, l'École nationale du cirque. À quand un festival mondial de cirque dans les rues de Montréal?» avait-il demandé.

En fait, «dès la fondation de la TOHU, en 2000-2001, on parlait d'un festival», souligne Gaétan Morency. Il y a 25 ans qu'il y a un modèle de festival au Québec. Nous travaillons sur une formule adaptée à l'image de la capitale de cirque qu'est Montréal».