«Présence autochtone a lieu à Montréal parce que Montréal est la métropole culturelle du Québec. Le preuve en est qu'il n'y a pas ici un seul député conservateur...»

En dévoilant la programmation du 19e festival Présence autochtone, hier à la Grande Bibliothèque, son directeur général André Dudomaine en a profité pour mettre l'assistance au fait de quelques problématiques connexes. Comme cette volonté du ministère canadien du Développement économique - qui a retiré sa subvention de 50 000 $ destinée à la promotion internationale - d'«envoyer» P.A. à Longueuil où le festival aurait fait office d'événement majeur. Comme aussi cette (mauvaise) habitude d'opposer modernité et tradition aussitôt que l'on évoque les peuples autochtones: «Cette opposition sommaire ne fonctionne pas», lancera d'emblée M. Dudomaine, un Innu montagnais du Lac-Saint-Jean.

Tradition et modernité, on l'aura compris, se conjugueront du 11 au 21 juin sur et autour du parc Émilie-Gamelin (métro Berri) qui verra se dresser «les signes de l'amérindianité du territoire», ce territoire, rappellera-t-on, qui a été le premier lieu de rencontre entre les nouveaux arrivants français et les Iroquoiens du Saint-Laurent. Devenu lieu de rencontre moderne entre les autochtones et les Québécois d'autres souches, entre autochtones et nouveaux arrivants aussi, car «les Premières Nations font aussi partie de la société d'accueil».

Donc, tipis, démonstrations d'arts et de métiers traditionnels, spectacles de danse, chant et musique qui culmineront le samedi 20 juin avec la prestation de l'ensemble de 12 guitares Forestare, qui interprétera des oeuvres récentes du compositeur atikamekw Pascal Quoquochi-Sasseville. Se joindront à Forestare le rappeur algonquin Samian et la chanteuse inuite Elisapie Isaac. Hier à la G.B., on chuchotait aussi que Richard Séguin, un habitué, se joindrait au pow-wow.

Cette année, par ailleurs, Présence autochtone rend hommage à la culture ma'ohi de la Polynésie française en accueillant des artistes des Marquises et de Tahiti dont l'écrivaine Flora Devatine, figure de proue du combat pour la reconnaissance d'une «conscience polynésienne». André Dudomaine soulignera pour sa part l'émergence tranquille d'un «espace francophone autochtone international».

La programmation cinématographique s'annonce assez dense... pour les adeptes du cinéma «extrême». À voir à la Cinémathèque, au Cinéma ONF, au centre Simon-Bolivar ou au Kateri Hall de Kahnawake: la première de The Only Good Indian de l'Américain Kevin Wilmott, très applaudi au dernier Festival Sundance et le dernier film d'Alanis Obomsawin (ONF), sur le Pr Norman Cornett, congédié de McGill en 2007 à cause de son approche pédagogique inorthodoxe. Soulignons finalement la création, en l'église du Gesù, du ballet contemporain Fragments de la chorégraphe ojibwé-crie Lara Kramer. La première aura lieu le 11 juin, premier anniversaire des excuses officielles du gouvernement canadien auprès des Amérindiens et Inuit envoyés dans ces «pensionnats concentrationnaires» qu'évoque la pièce de Mme Kramer.

Présence autochtone, finalement, encouragera les visiteurs à signer une pétition pour que le gouvernement Harper signe finalement la Déclaration universelle des droits des peuples autochtones de l'ONU, que le Canada, partie d'un «quarteron bushiste» - avec les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l'Australie qui s'est ralliée depuis - a refusé de signer en 2007.

Chaque jour, des racines viennent ajouter force et ampleur au «grand arbre de la paix».

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La programmation de Présence autochtone apparaîtra sous peu sur le site www.nativelynx.qc.ca/fr