Sa nouvelle création, Animal triste, marquera l'ouverture de l'Édifice Wilder en février.

Créée pour le Festival Danse Canada l'an dernier, Animal triste, la plus récente pièce de Mélanie Demers, va connaître une seconde vie à l'occasion de sa présentation à l'Édifice Wilder, qui héberge depuis peu l'Agora de la danse et Tangente.

Deux des quatre interprètes de la pièce ont en effet dû être remplacés, forçant ainsi Mélanie Demers à mettre sur pied une seconde mouture de sa création. «Brianna Lombardo a eu des jumeaux et James Gnam, qui habite à Vancouver, attend un bébé et ne pouvait pas venir à Montréal pour le spectacle. J'aime penser que je couds sur mesure le rôle sur le dos de chaque danseur avec qui je travaille, et l'arrivée de Chi Long et de Francis Ducharme dans l'équipe a vraiment tout changé. Tout comme Marc Boivin et Riley Sims, ce sont des interprètes à la personnalité forte et aux parcours très différents», explique la chorégraphe dont les interprètes appartiennent également à des générations différentes, de la vingtaine à la cinquantaine.

Lauréate en 2015 du prix du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la meilleure oeuvre chorégraphique dans le cadre des Prix de la danse de Montréal pour Would, Mélanie Demers est cette fois de retour avec une pièce pour quatre danseurs qui plonge au coeur de la survie de l'espèce humaine. Maman d'un petit garçon d'un an et demi, la chorégraphe a été fortement inspirée par la maternité pour s'interroger sur le monde qu'elle offre à son fils et aux générations à venir. «Le fait d'avoir un enfant met les choses en perspective. Je ne voulais pas devenir une artiste au complexe de Walt Disney», explique-t-elle. 

«Je voulais aborder la création avec lucidité et dire à mon enfant: "Voici la table qu'on a mise pour toi et j'espère qu'on va te donner envie de faire mieux"»

Motivée par la volonté de sortir de sa zone de confort, Mélanie Demers a décidé de délaisser la théâtralité qu'on a souvent retrouvée dans ses créations pour redonner toute sa place au corps. «J'avais besoin d'une telle contextualisation dans mes oeuvres précédentes que parfois les mots prenaient le dessus sur le langage chorégraphique. Cette fois-ci, je me suis abandonnée à ces quatre corps et à ce qu'ils avaient envie de dire», précise la chorégraphe.

«Post coitum, animal triste»

«Après le coït, les animaux sont tristes.» Tel est le constat du médecin grec Claude Galien, qui a inspiré à Mélanie Demers une réflexion autour de la condition humaine.

«On dit qu'une fois qu'on a accompli ce pourquoi on est sur terre, c'est-à-dire se reproduire, il y a une sorte de mélancolie qui s'installe», explique la chorégraphe dont la pièce s'articule autour de quatre grands chapitres de l'évolution de l'espèce humaine: l'évolution biologique, celle des civilisations, du clan, mais aussi de la quête spirituelle.

Mélanie Demers partira prochainement en Suède pour finaliser un projet d'envergure au Skanes Dansteater. Intitulée Something About Wilderness, cette nouvelle pièce aura nécessité la création d'un véritable jardin extérieur dans le stationnement du théâtre.

«L'idée est d'avoir une réflexion sur le besoin de l'être humain de domestiquer ce à quoi il fait face, que ce soit la nature ou le mouvement.»

La grande première aura lieu le 26 mai prochain. Elle partira par la suite en tournée avec Icône pop, un solo créé l'été dernier dans une église en Italie qu'elle espère présenter un jour à Montréal. «J'ai eu la commande de m'inspirer du thème de la douleur de la mère. J'ai fait le parallèle entre l'icône religieuse et l'icône pop, les figures féminines et féministes d'aujourd'hui», conclut la fondatrice de la compagnie Mayday qui vient de fêter ses 10 ans.

Son actualité

> Elle présentera la nouvelle mouture de sa création Animal triste à l'Édifice Wilder en février.

> Elle travaille à un projet d'envergure au Skanes Dansteater dont la première aura lieu le 26 mai prochain.