Jusqu'au 19 mars, Les Grands Ballets canadiens investissent le Théâtre Maisonneuve avec deux de leurs créations : La lueur de l'aube, de Ken Ossola et RE-, II de Shen Wei. Explications en cinq temps.

LES CRÉATIONS

Fondés en 1957 par Ludmilla Chiriaeff, Les Grands Ballets sont une compagnie reconnue dans le monde qui tourne énormément. Si la compagnie accueille des troupes étrangères à Montréal dans sa programmation régulière et a intégré à son répertoire des oeuvres créées par d'autres compagnies, son directeur artistique, Gradimir Pankov, a aussi commandé des créations à une quinzaine de grands chorégraphes depuis son arrivée en 1999. La plus récente est La lueur de l'aube.

LE CHORÉGRAPHE

Né en Corée, Ken Ossola a été adopté à l'âge de 3 ans par une famille de Genève, en Suisse. Le jeune homme est tombé amoureux de la danse à 16 ans, après que son professeur de gymnastique lui a suggéré de suivre des cours de ballet pour développer sa force. Danseur au talent inné, il a travaillé avec de grands noms de la danse internationale comme Ohad Naharin, Paul Lightfoot, William Forsythe et Jiri Kylian. Passé à la chorégraphie au tournant des années 2000, il a créé notamment une pièce hommage à Gustav Mahler pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève en 2014.

LA LUEUR DE L'AUBE

C'est M. Pankov qui a contacté Ken Ossola pour lui proposer de créer une pièce pour les Grands Ballets. Et c'est la musique de Sergueï Rachmaninov qui a inspiré ce dernier pour La lueur de l'aube, une pièce traversée par le romantisme, mais qui, comme le compositeur, est teintée de cette dualité apportée par l'arrivée des temps modernes.

« Je me sens comme un fantôme errant dans un monde en étrange évolution. »

- Sergueï Rachmaninov

Autre inspiration, un poème de Victor Hugo, Demain, dès l'aube. L'aube, cet instant fugace rempli de promesse, traverse donc la pièce comme un leitmotiv. Onirique, la pièce enfile les duos portés par la tendresse de deux êtres flottant à la frontière du rêve et de la réalité.

LES DÉCORS ET COSTUMES

Conçus par Marija Djordjevic, les décors et costumes rappellent la nature sans verser dans le littéral. Sur scène, les danseurs évoluent dans une forêt symbolique, faite de grandes colonnes torsadées évoquant des arbres et de sphères blanches flottant dans les airs telles une multitude de petites lunes. L'éclairage de Marc Parent ajoute à la beauté des tableaux. Avec Mme Djordjevic, la compagnie a aussi créé des costumes qui s'éloignent du cliché romantique en préférant les justaucorps modernes aux robes aériennes. Les Grands Ballets ont d'ailleurs utilisé pour la première fois la technologie d'impression numérique de la sublimation, qui a permis d'imprimer sur le tissu des maillots des silhouettes d'arbres et de végétaux.

RE-,II

En deuxième partie de programme, Les Grands Ballets présentent, en reprise, la création RE-, II du chorégraphe new-yorkais d'origine chinoise Shen Wei, d'abord imaginée pour la compagnie en 2007. Invitation au voyage, la pièce est inspirée par un séjour du chorégraphe - qui est aussi sculpteur et peintre - au Cambodge, avec ses temples, ses arbres, ses bruits ambiants et sa culture. Les danseurs, dont le corps est peint en blanc, comme des statues émergeant d'un autre temps, sont accompagnés par la musique traditionnelle cambodgienne.

- Au Théâtre Maisonneuve jusqu'au 19 mars

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Les danseurs des Grands Ballets canadiens lors d'une ultime répétition, jeudi, jour de la première. 

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Les danseurs se déplacent autour de colonnes torsadées évoquant des arbres.