Après la France, Pep Ramis et Maria Muñoz reviennent à Montréal présenter leur toute nouvelle création, Le cinquième hiver. Ces habitués de l'Agora de la danse ont célébré l'an dernier les 25 ans de leur compagnie Mal Pelo.

Un espace blanc. Deux danseurs habillés de noir. Ils ne sont plus jeunes, mais ils ont réussi à traverser le temps. Le cinquième hiver de Pep Ramis et Maria Muñoz évoque la maturité, la durée.

«L'idée de départ est d'avoir deux personnes dans un lieu non spécifié, explique Pep Ramis. Ils y passent leur cinquième hiver, mais nous ignorons pourquoi ils s'y trouvent. C'est un espace de réflexion, en quelque sorte.»

Un texte du poète italien Erri De Luca a inspiré tout le processus de création de cette chorégraphie qui s'interroge sur la condition humaine. 

«La pièce pose des questions sur des choses que l'on fait à différents moments de l'existence, des questions sur les limites de chacun, notre place dans le monde, nos choix de vie, etc. Des questions que tout le monde se pose.» 

Collaboration

Comme c'est leur habitude, Pep Ramis et Maria Muñoz ont fait appel à plusieurs collaborateurs pour les accompagner dans cette quête intérieure que représente ce quatrième duo de leur carrière.

On entendra donc la chanteuse tunisienne Alia Sellami et un chanteur espagnol de flamenco, Niño de Elche. La Française Fanny Thollot signe l'environnement sonore. 

«Pour nous, note Pep Ramis, l'univers sonore compte pour beaucoup dans la dramaturgie que nous mettons en place. On y entend, entre autres, une voix qui peut être celle d'un personnage ou de la conscience qui se dirige vers les danseurs ou les spectateurs.»

Dans ce lieu tout blanc, où «la neige n'efface rien, mais couvre tout», dit le texte du poète, le vocabulaire des corps ne se veut pas grandiloquent. 

«C'est basé sur nos corps qui ont maintenant 50 ans et sur leurs caractéristiques qui vont moins dans la force que la subtilité. Nous créons des mouvements à partir de nos mondes intérieurs, de la poésie de chacun.»

«Nous n'essayons pas de bouger comme si nous avions 20 ans. Nous sommes plus dans le contrôle et l'utilisation de l'espace.»

Dans leur travail, les mains retrouvent toutes leurs capacités d'évocation, notamment chez Maria Muñoz, qui a intériorisé certains mouvements du flamenco dans sa gestuelle. 

«C'est une des parties les plus expressives du corps et nous avons tendance à l'oublier. En regardant les mains, on peut comprendre une personne», dit son collègue danseur.

L'expérience ne leur donne pas nécessairement envie d'improviser sur scène, mais la chorégraphie n'est pas non plus complètement figée. 

«Nous exécutons une partition plus ou moins libre. D'un jour à l'autre, il y a de petits détails qui changent, dépendant de notre état d'esprit. Nous raffinons constamment notre travail. C'est comme en musique classique où la liberté d'interprétation reste celle de chaque interprète.»

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À l'Agora de la danse du 29 avril au 1er mai.