De passage à Montréal après plus d'une décennie d'absence, Ballet BC offre au public montréalais une très belle surprise en ce début d'année avec un trio de pièces qui savent à la fois éblouir, émouvoir, faire rire et réfléchir.

Le programme proposé par Ballet BC au Théâtre Maisonneuve plaira autant aux amateurs de danse qu'aux néophytes avec ces trois courtes pièces à la fois accessibles et remplies de jolies trouvailles chorégraphiques et scénographiques. Sans oublier le talent des 18 jeunes danseurs énergiques et fougueux qui se partagent la scène.

Très différentes autant dans leur esthétique que dans leur approche du geste dansé, les trois pièces -  A.U.R.A., Walking Mad et Petite cérémonie - mettent toutes de l'avant les mouvements d'ensemble et la force du groupe, dans des passages enlevants qui misent énormément sur le synchronisme des interprètes et qui jouent de mille et une façons avec les effets visuels des corps réunis.

La soirée démarre sur les chapeaux de roues avec A.U.R.A. (Anarchist Unit Related to Art), de Jacopo Godani, une création ancrée dans la formalité regroupant 11 danseurs au torse traversé de lignes noires. Sorte de tribu futuriste, ils sont engagés dans une course enlevante au son d'une musique industrielle entrecoupée de notes de violon (48nord), sous l'éclairage franc des néons.

Fait écho à cet environnement la gestuelle, hybride étonnant entre mouvements ondulatoires reptiliens et lignes pures du ballet classique. Cette rencontre entre l'organique et le mécanique met de l'avant la prouesse technique des interprètes dans des tableaux de groupe mouvants d'une grande ingéniosité.

Des hommes et des femmes

Les deux autres pièces, à la forme plus théâtrale, explorent la dynamique relationnelle entre les deux sexes et font preuve d'une belle d'originalité dans leur façon d'occuper l'espace scénique.

Walking Mad, formidable création du Suédois Johan Inger, propose une relecture pour le moins étonnante et rafraîchissante du Boléro de Ravel. Articulée autour d'un mur amovible qui se déplace, plie, se sépare et bascule, la pièce fait rire et surprend par sa douce folie. Passant d'un onirisme déluré à une triste mélancolie, elle braque sa lorgnette sur les relations amoureuses, des débuts frivoles aux adieux déchirants. Voilà le genre de création ingénieuse et touchante qui reste longtemps en mémoire.

La soirée se conclut avec Petite cérémonie, du chorégraphe Medhi Walerski. La pièce s'ouvre sur une scène dénudée et sans coulisses, qui se refermera lentement en une petite boîte noire sur les danseurs, qui, sagement alignés, battent une simple cadence de leurs pieds, vêtus d'habits de soirée.

Pince-sans-rire, ils se lanceront d'abord dans une séquence de mouvements d'ensemble d'un synchronisme exemplaire, brisé par des électrons libres qui se détachent du groupe pour se laisser aller dans une danse exaltée. Suit un délicieux monologue fait par un danseur sur les différences entre les cerveaux masculin et féminin.

Alternant les mouvements d'ensemble et les duos homme-femme, c'est tout le rapport à l'autre sexe, mais aussi à la représentation sociale qu'explore avec humour et esprit Walerski. Une belle façon de conclure une soirée sans faux pas, gracieuseté de Ballet BC, qu'on espère revoir sur une scène montréalaise dans moins de 10 ans!

Dernière représentation ce soir au Théâtre Maisonneuve.