Mélanie Demers mettra le point final à un cycle de création qui a donné naissance à des pièces comme Junkyard/Paradis et Goodbye en offrant ces dernières à Olivier Choinière et à Catherine Vidal. Tels deux DJ, les deux chorégraphes les ont remixées pour mieux se les réapproprier. À partir de mercredi à l'Usine C.

C'est parce qu'elle croit qu'il reste toujours une raison d'espérer - même dans la pire des situations - que Mélanie Demers a baptisé sa compagnie MAYDAY en 2007. Artiste engagée socialement, la danseuse et chorégraphe considère que l'art n'a de sens que par sa portée politique et sa capacité à susciter la réflexion. C'est dans cet état d'esprit qu'elle a pensé Les angles morts (2006), Sauver sa peau (2008), Junkyard/Paradis (2010) et Goodbye (2012).

Mercredi soir, elle investira l'Usine C - où elle sera encore en résidence pendant un an -, aux côtés d'artistes invités.

«MAYDAY Remix va clore un cycle de travail. On va un peu danser sur la tombe de Junkyard/Paradis et Goodbye. Si j'étais une rock star, j'aurais brûlé ma guitare!», s'amuse Mélanie Demers.

«Je ne voulais pas tomber dans le train-train création/diffusion/tournée. J'ai la chance d'avoir un espace et je voulais essayer quelque chose d'un peu casse-cou pour casser la routine des cycles de production.»

Telle une expérience de laboratoire, Mélanie Demers a décidé de donner ses pièces à Olivier Choinière et à Catherine Vidal pour observer ce qu'ils allaient en faire, mais surtout ce qu'ils allaient leur faire dire, tout en gardant les mêmes interprètes.

«Je danse dans les deux créations. J'assiste donc en direct aux changements qu'ils apportent au travail. C'est vraiment inconfortable et douloureux, mais aussi libérateur. L'abandon que ça prend pour voir le matériel se transformer, je devrais me l'accorder dans mon propre processus», lance-t-elle.

L'Usine C investie en entier

Mélanie Demers et ses collaborateurs ont commencé à travailler à MAYDAY Remix il y a un peu moins de deux semaines et offriront au public une expérience qu'il ne pourra vivre qu'une seule fois. Un processus peu commun en danse contemporaine, que la chorégraphe est heureuse de pouvoir vivre.

«En danse, on est très jaloux de nos signatures. En théâtre, un auteur va voir sa pièce adaptée par différents auteurs. L'idée de la paternité des oeuvres, qui peuvent voyager d'un esprit ou d'une sensibilité à l'autre, est intéressante», dit-elle, emballée.

L'Usine C sera investie de la cave au grenier par les reprises des pièces de la chorégraphe par Olivier Choinière et Catherine Vidal, mais aussi par Poirier qui remixera les musiques de ces créations pendant l'entracte, pendant qu'une projection aura lieu dans le café de l'Usine C.

Une performance des Fermières obsédées, performeuses engagées, aura également lieu dans la salle de répétition de l'établissement alors que Catherine Leroux proposera un remix littéraire.

Francis Ducharme et Caroline Gravel danseront quant à eux dans le cadre d'une création in situ de Catherine Gaudet, dans l'un des lieux les plus inusités de l'Usine C, qu'on préfère garder secret.

«Ça va être un véritable feu de joie pour enterrer le passé!», dit Mélanie Demers qui se lancera au cours des prochains mois dans la création d'un solo, pour la première fois de sa carrière.

«Ça me fait tellement peur! J'ai envie de parler au monde dans quelque chose qui mélange la conférence, le théâtre et la danse, quelque chose de plus introspectif pour ensuite renouer avec la gang», souligne-t-elle.

À l'Usine C du 12 au 14 mars.