Le plus important festival de danse contemporaine au monde, ImPulsTanz à Vienne, du 11 juillet au 11 août, fête son 30e anniversaire avec éclat - 215 ateliers, 100 spectacles, 60 productions, 30 compagnies en résidence, 120 000 spectateurs attendus, nouveau record - mais sur fond de restrictions budgétaires de l'État dans le domaine de la culture.

Une aventure commencée en 1984 à l'initiative de celui qui est toujours le directeur du festival, l'Autrichien Karl Regensburger, et du danseur-chorégraphe brésilien Ismael Ivo.

«L'humus du festival»

«En 1984, Ismael Ivo et moi nous avons commencé avec 30 ateliers et personne n'y croyait. Aujourd'hui, nous en sommes à 215 ateliers, plus de 100 spectacles, 60 productions et, un aspect moins visible du Festival, 30 compagnies en résidence, ce qui constitue l'humus même de la manifestation. Nous jouons dans 14 théâtres et 42 studios. Nous avons accueilli 110 000 spectateurs en 2012, nous en attendons 120 000 cette année», a souligné Karl Regensburger dans un entretien à l'AFP.

«Après la 1e édition, la mayonnaise a rapidement pris, la participation de la danseuse-chorégraphe française Karine Saporta (ndlr: âgée de 63 ans, la Grenobloise dirige aujourd'hui la compagnie qui porte son nom) ayant ensuite été décisive», a-t-il indiqué. «Tout ce qui compte dans la danse contemporaine, ou à peu près, est venu à Vienne. Et, au cours des dernières années, ImPulsTanz est devenu moins conceptuel, le temps est fini où la virtuosité était telle qu'elle rendait parfois les spectateurs malades. Ils voient aujourd'hui plus de danse pure».

«Réduire la voilure»

«Cependant, pour l'avenir, il nous faudra sans doute réduire la voilure, en raison des restrictions budgétaires imposées par la classe politique dans le domaine de la culture. C'est une politique à courte vue, à croire qu'enlever du plaisir au spectateur est devenu un critère! Il y a une véritable méconnaissance et une incompréhension à l'égard de l'engouement du public pour la danse contemporaine», a estimé Karl Regensburger.

Ainsi, il déplore que la ville de Vienne ait réduit sa subvention jusqu'en 2015 de 2 à 1,85 million d'euros par an.

Âgé de 57 ans, Karl Regensburger est venu à la danse en 1982, alors qu'il poursuivait encore d'arides études d'économie, avec comme spécialisation le secteur bancaire. C'est alors qu'il répond à une annonce pour un travail de gestionnaire d'un studio de danse.

Du 11 juillet au 11 août, alors qu'Ismaël Ivo, âgé de 58 ans, originaire de Sao Paulo, parallèlement à ses activités de danseur-chorégraphe, est toujours conseiller artistique du festival, ImPulsTanz attire quelques-uns des danseurs-chorégraphes les plus renommés, notamment pour l'ouverture l'étoile montante new-yorkaise Trajal Harrell. Ce dernier y présentera ses six tableaux intitulés Twenty Looks or Paris is burning at the Judson Church (XS-M2M) et Rite of Summer.

Et la chorégraphe française Mathilde Monnier dirigera vingt danseurs et danseuses amateurs dans son nouveau ballet Qu'est-ce qui nous arrive?!?.

Parmi les autres danseurs-chorégraphes présents au festival, à noter le Sud-Africain William Kentridge, le Belge Wim Vandekeybus, également metteur en scène de cinéma et acteur, à la tête de sa compagnie Ultima Vez, et le Britannique Akram Kahn, originaire du Bangla Desh.