Avec Humanity Project, Paula de Vasconcelos revient délibérément à la danse. À l'impact du mouvement ciselé dans l'espace. À la puissance des corps muets de 40 interprètes, 34 non professionnels et six danseurs. Un microcosme éloquent de notre humanité faite d'individus disparates et improbablement solidaires.
Par la proximité qu'elle crée entre la salle et la scène, la Cinquième Salle de la Place des arts correspond bien au projet. Un simple plancher de danse en bois poli et un mur bleu cobalt, dans lequel s'ouvriront trois portes.
Dans l'environnement sonore d'Owen Belton, les lumières de Stéphane Ménigot s'éteignent et se rallument, ponctuant les tableaux successifs comme autant de chapitres d'un grand livre de chair sur l'humanité ordinaire.
Paula de Vasconcelos en a ici prélevé un échantillon aussi représentatif que crédible, dont elle répertorie les états extérieurs comme intérieurs.
Depuis près d'un an, ces 35 bénévoles, femmes, hommes, ados, jeunes, pas jeunes, grands, petits, colorés, maigres ou pas, frisés ou blonds, qu'observent, un peu en recul, un grand-père et une fillette, se sont unis pour le seul plaisir de réussir ce projet collectif. Le résultat sur scène est si fluide et évident qu'il paraît simple, mais on assiste bien à la réussite d'un véritable défi.
La chorégraphe a l'intelligence de ne pas séparer, sauf dans quelques scènes distinctes, la présence, mais aussi la danse, souvent élaborée, de ce grand groupe de bénévoles doués, de celles des interprètes professionnels. C'est cela qui, en plus d'éviter la condescendance, confère son authenticité singulière à cette pièce, dont le décor est signé Joshua Lamb et Paul-Antoine Taillefer..
On a pu reprocher à certaines créations de Paula de Vasconcelos trop d'hésitation entre théâtre et danse, une certaine surcharge scénique ou une tendance au commentaire. Avec Humanity Project, en choisissant l'épure, elle parvient à magnifier ses fondamentaux: sa vision de la danse comme expression de l'altérité et de nos différences partagées.
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Humanity Project, de Paula de Vasconcelos, jusqu'au 23 février à la Cinquième Salle.