Ancien batteur de musique rock, le chorégraphe israélien établi à Londres Hofesh Shechter sera de passage à Montréal, cette semaine, pour présenter sur les planches du Théâtre Maisonneuve Political Mother, sa première oeuvre de longue durée, déjà applaudie à travers le monde.

Proche des univers d'Uprising et d'In your rooms, offertes à Danse Danse en 2009, Political Mother questionne cette fois les dictatures et les embrigadements en tous genres.

Le chorégraphe y juxtapose les concepts de la mère et de l'état, mettant en relief le contraste entre les besoins des individus et ceux de la société.

«Pour moi, il existe un lien intéressant entre la famille et la politique. La naissance de la politique nous ramène au clan et les politiciens aimeraient qu'on les voie comme nos parents à cause de cette notion de dette qu'on aurait envers eux. Je trouvais aussi intéressants les concepts d'engagement et de devoir envers la nation, explique le chorégraphe. On se retrouve souvent dans des situations où il y a beaucoup de pression. La réponse à ça peut être la frustration, l'oppression ou l'espoir. Alors j'essaie d'éveiller les gens et de brasser leurs émotions.»

Pression et tensions

Political Mother met ainsi en scène 11 danseurs des plus athlétiques en plus d'une formation de 7 musiciens live. Au programme, harmonie son/lumière, mouvements de groupe et musique digne d'un concert rock composée par le chorégraphe lui-même, au carrefour entre drame et danse folk, heavy metal et musique militaire.

Hofesh Shechter découvre le piano et la musique classique à l'âge de 6 ans avant de devenir plus tard batteur de musique rock. Un parcours qui marque fortement la trame musicale de Political Mother, où l'on retrouve aussi de la musique moyen-orientale, juive, arabe, gypsy et même classique, mélangées à des rythmes forts et de la guitare électrique.

«J'aime trouver des liens entre les différents styles de musique. J'avais envie d'utiliser tout ce qui pouvait me paraître approprié! La création de la musique et celle de la chorégraphie se font de manière parallèle: le matin je travaillais avec les danseurs dans le studio et le soir avec les musiciens à la maison», précise Shechter.

«J'ai grandi en Israël où il y a beaucoup de pression et tensions. Je suis certain que mon expérience là-bas a influencé la manière dont je vois le monde et donc mon travail. Je questionne tout dans ma vie et autour de moi. J'ai des frustrations et de la haine. C'est ce qui est spécial d'ailleurs avec Political Mother, il y a cet aspect de vouloir tout casser. Mais j'espère que cette pièce va chercher auprès du public autant la destruction que l'espoir», conclut-il.

Political Mother, du 1er au 3 novembre au Théâtre Maisonneuve.