Le Petit Prince créé par Didy Veldman pour les Grands Ballets est d'une délicatesse fascinante. D'une beauté onirique et captivante qui laisse bouche bée.

En ce soir de première, jeudi, pas un souffle dans la salle Maisonneuve de la Place des Arts: chaque spectateur, le regard rivé sur ce qui lui est évoqué, plutôt que raconté, semble retenir son souffle. Comme pour ne pas risquer de faire évaporer la galaxie soudain matérialisée devant lui.

De l'instant où le Petit Prince apparaît, tous les sens sont hypnotisés par l'univers singulier, parfaitement harmonieux, créé par la chorégraphe hollandaise, qui signe ici sa troisième pièce pour les Grands Ballets.

La technologie régie par le vidéaste Mark Deely tient une large place, mais une juste place. Tout ce qui se passe sur scène est projeté en fond de scène en hauteur, dédoublant chaque geste, chaque situation, comme dans un miroir. Donnant l'impression que le tout se passe en apesanteur sur la voie lactée.

Didy Veldman ne raconte pas l'histoire de Saint-Exupéry, elle la transpose, utilisant 30 danseurs sur scène, en groupes minutieusement agencés ou en une multitude de personnages singuliers qui, comme dans le conte, rencontrent tour à tour le personnage principal. La signature chorégraphique est singulière. Fluide ou géométrique, il s'en dégage une intense énergie.

L'originalité ludique et colorée des costumes signés Kimie Nakano parachève la dimension poétique, romanesque. Autant que l'univers musical de Philip Feeney. Un paysage sonore incongru, inattendu, fait d'arrangements d'oeuvres non immédiatement identifiables.

Ainsi Le Petit Prince de Didy Veldman, dans la lignée de celui de Saint-Exupéry, propose un univers unique qui laisse la part libre à l'imaginaire de chacun. Ce n'est pas la moindre des réussites de cette pièce.

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Le Petit Prince, jusqu'au 12 mai au Théâtre Maisonneuve.