Présenté à partir de mercredi à L'Usine C, Kiss and Cry est le fruit de la collaboration entre le cinéaste Jaco Van Dormael, la chorégraphe Michèle Anne De Mey et l'auteur Thomas Gunzig, un trio belge qui offre aux spectateurs une performance entre cinéma et danse, sur la pointe des doigts.

On lui doit de longs métrages comme Toto, le héros, Le Huitième Jour et Mr. Nobody. Mais Jaco Van Dormael a, cette fois, choisi de se lancer dans le nanomonde grâce à une création collective mêlant nanodanse et cinéma éphémère, amenant le spectateur dans un véritable voyage onirique vers l'infiniment petit.

«On voulait faire un film qui comprend du cinéma, du théâtre, de la danse et une narration, tout ça en direct sur scène sans rien enregistrer en avance. Mr. Nobody, que j'ai d'ailleurs tourné à Montréal, est un projet énorme qui m'a pris 10 ans à mettre sur pied! Je voulais passer à un projet qui irait dans le sens contraire, c'est à dire dans le plus petit et le moins cher possible», explique le réalisateur, joint en Belgique.

Il aura en effet fallu moins de quatre mois et 150$ de décor à l'équipe pour finaliser Kiss and Cry, utilisant à la fois la technologie (micro caméras, projection sur écran, filmage en direct) et l'artisanat (décors et personnages de modèles réduits).

Faire du grand avec du petit

«On a mis deux mois à trouver notre langage et le moyen de faire du grand avec du tout petit. On a commencé en improvisant avec les jouets des enfants qui sont devenus grands et qui sont partis en les laissant derrière eux. Le challenge était de trouver comment ne danser qu'avec les mains et comment faire un film sur la table de la cuisine», dit-il.

Kiss and Cry vient du nom du banc sur lequel les patineurs artistiques attendent leurs résultats en compétition. Le spectacle raconte l'histoire de Gisèle, une vieille dame assise sur le quai d'une gare qui se souvient de la première fois qu'elle est tombée amoureuse, alors qu'elle avait 12 ans dans un train. Elle ne se souvient ni du visage ni du nom de cet inconnu qui a frôlé ses doigts.

«Ça parle de cinq histoires d'amour dont on ne voit que les mains, mais aussi de la perte de mémoire, des gens qu'on a oubliés et des gens qu'on a aimés, mais qu'on n'a plus revus», précise le cinéaste qui présentera cette création jusqu'en 2015, notamment au Brésil et en Chine.

Le tout est accompagné de musiques baroques et d'opéra, fortes en émotions, contrastant avec une forme visuelle très minimaliste. Le spectateur voit, à la fois, ce qui se déroule sur scène, grâce à deux caméras, mais également dans les coulisses de ce film éphémère se déroulant devant lui.

«Ce que j'ai appris en faisant ce projet, c'est qu'un peu comme dans les films de Méliès, plus on montre que c'est faux et plus ça peut toucher l'imaginaire», conclut le cinéaste.

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Kiss and Cry, du 25 au 29 avril à L'Usine C.