Chorégraphe invité par les Grands ballets canadiens de Montréal, le Néerlandais Stijn Celis signe la Soirée Stravinski qui sera présentée à partir du 22 mars sur les planches du Théâtre Maisonneuve.

Un spectacle dans lequel il revisite Les noces et Le Sacre du printemps, deux grands classiques créés sur des partitions d'Igor Stravinsky. Pour donner le coup d'envoi à cette soirée, le chorégraphe propose en ouverture Anima, un pas de trois créé sur mesure pour les danseurs des GBCM.

De Merce Cunningham à Angelin Preljocaj, en passant par Maurice Béjart, Ji'rí Kylián et même Ludmilla Chiriaeff, des dizaines de chorégraphes ont offert leur version des Noces. Inspiré de la version originale de Bronislava Nijinski en 1923 qui en a fait la première proposition, Stijn Celis en présente une relecture en gardant l'idée de départ des noces païennes du village, tout en poussant à l'extrême la critique de l'institution du mariage, transformant la célébration de ces noces forcées en un rituel sacrificiel.

«J'ai créé Les noces en 2002 et, à la suite de son succès, Gradimir Pankov, directeur artistique des Grands Ballets, m'a demandé de m'attaquer au Sacre du printemps. De fil en aiguille, on a essayé de mettre les deux pièces ensemble pour constituer la soirée», explique le chorégraphe.

Douze danseuses au visage cadavérique, enrobées de tulle, s'opposent ainsi à travers le mariage aux douze danseurs résignés en costumes trois-pièces, vivant tour à tour l'anticipation puis la peur de l'inconnu avant leur union.

«J'ai travaillé avec Catherine Voeffray qui habite avec moi en Suisse pour les costumes. On est parti d'une photo d'une poupée habillée en mariée, très maquillée et très chiffonnée. Elle donnait l'impression d'avoir été légèrement abusée», explique-t-il.

Une année à peine après avoir créé une chorégraphie sur la version pour deux pianos du Sacre du printemps pour la compagnie new-yorkaise de ballet contemporain Cedar Lake, Stijn Celis s'attaque maintenant à la version orchestrale pour les danseurs des Grands Ballets.

Présenté pour la première fois à Paris en 1913, puis repris par d'innombrables créateurs (Léonide Massine, Raimund Hogue et Jérôme Bel, Hans Van Manen, Saburo Teshigawara, Pina Bausch, Marie Chouinard, James Kudelka), le livret original du Sacre du printemps de Vaslav Nijinski met en scène une vierge sacrifiée à l'occasion d'un rituel de célébration du printemps. Stijn Celis se dégage de cette prémisse pour faire ressortir une dimension plus psychosociale. «Ma version de Sacre est une chorégraphie plus expressive, très rythmique, très proche d'un esprit stravinskien. J'ai mis en avant un aspect plutôt social en prenant un groupe qui décide d'exclure une personne. Je voulais aussi réduire l'apport décoratif pour être plus dans la sobriété. Par opposition, les femmes sont en blancs et les hommes en couleur terre, avec une touche de rouge, comme un tracé de sang qui traverse le ciel», explique le chorégraphe.

La Soirée Stravinski propose donc deux pièces sur les humains et leurs rituels, deux critiques acerbes d'une société qui enferme les individus dans les traditions, qui seront précédées par Anima, une toute nouvelle création de Stinj Celis.

«J'ai créé un nouveau trio de 12 minutes, plus recherché et plus intime sur la Nocturne No13 de Frédéric Chopin et sur une Sonate de Domenico Scarletti. La musique de Chopin est extrêmement élégante, ce qui donne le contrepoint à la musique de Stravinski et ma chorégraphie suit un peu cette idée-là», dit-il.

De retour en Suisse prochainenement, Stinj Celis créera une pièce pour le Royal Swedish Ballet sur La messe de Mozart.