À l'Agora de la danse. avec Husk de Georges Stamos, Montréal Danse complète la célébration de son 28e anniversaire, commencée la semaine dernière avec Vers et Trois peaux de Jean-Sébastien Lourdais.

Une deuxième occasion, à quelques jours d'intervalle, dans une pièce inattendue, organique et flyée, de démontrer la force d'interprétation, la présence magnétique, le talent éclectique des danseurs de la compagnie dirigée par Kathy Casey qui, pour souligner ce quart de siècle, a choisi deux chorégraphes atypiques, histoire, peut-être, d'appeler à une nouvelle jeunesse.

L'univers de Georges Stamos reste inclassable. Toujours là où on ne l'attend pas, porté par son parcours anticonformiste et singulier (danseur contemporain, gogo boy, soliste et chorégraphe audacieux, et actuellement danseur de danse africaine dans la compagnie de Zab Maboungou), ses pièces sont empreintes d'une fausse légèreté, qui s'avère être une réflexion élaborée et inusitée sur le corps, ce qu'on en fait, ou pas, comment, pourquoi, et pourquoi pas.

Dans Husk son audace débridée et joyeuse, déjantée, se joue des conventions aussi bien esthétiques que scénographiques et formelles. Elle s'appuie sur une écriture chorégraphique complexe, qui joue sur les contrastes, et repousse loin l'exigence envers les interprètes, époustouflants et, textuellement comme métaphoriquement, mis à nu.

Dans la belle lumière claire-obscure signée Karine Gauthier, ils sont quatre : les danseurs Rachel Harris, Elinor Fueter, Frédéric Marier, et la musicienne Jackie Gallant dont la présence physique est aussi forte que ses rifs de guitare électrique et ses pulsions percussives. Ils sont des individus très spécifiques mais aussi unis, interdépendants même, comme une microsociété. Ils jouent principalement sur l'ambigüité entre ce qui est caché ou exposé, feint ou authentique, avoué au micro ou passé sous silence dans la chair, ce que l'on porte et comment l'on se comporte.

En l'absence de costumes, un simple slip destiné à exposer leurs anatomies bigarrées, ils usent habilement de nombreux masques, des secondes peaux qui font illusion et transfigurent. Qui sont-ils, homme ou femme, jeune ou pas, musclé, ridé, asexué ou hypersexué ? Tout cela est bien trouble, et troublant. Pourtant, le corps ne ment pas.

Conformément au titre (Husk signifie pelures de maïs), Stamos offre plusieurs strates, plusieurs registres d'interprétation, à l'interprétation des artistes autant qu'à la façon dont le spectateur peut interpréter le subtil fouillis organisé qui se déroule sous ses yeux et mobilise tous ses sens, à un rythme trépidant et communicatif.

Husk, de Georges Stamos, jusqu'au 10 février à l'Agora de la danse.