L'enfant chéri de la danse contemporaine londonienne Akram Khan, qui a travaillé ces dernières années avec Sidi Larbi Cherkaoui, Juliette Binoche et Kylie Minogue, présente Vertical Road, sa toute dernière création, au Théâtre Maisonneuve du 25 au 28 janvier.

Le danseur britannique originaire du Bangladesh passé maître dans l'art du kathak (danse classique du nord de l'Inde), devait également se produire dans la salle de la Place des Arts avec Gnosis, mais une sérieuse blessure au talon d'Achille l'a obligé à annuler les deux représentations qui étaient prévues.

Akram Khan sera tout de même de passage à Montréal aux côtés des huit danseurs venus d'Asie, d'Europe et du Proche-Orient, pour qui il a créé en septembre 2010 au Curve Theatre de Leicester (Royaume-Uni) Vertical Road, un voyage vers le divin, inspiré notamment de la philosophie soufie du poète Rumi.

«Son concept de transformation de l'énergie d'une substance à l'autre m'a vraiment fasciné. C'est une notion à laquelle je crois dans ma vie personnelle», explique Akram Khan. «La seconde raison pour laquelle j'ai voulu aborder la spiritualité est en lien avec une anecdote que j'ai vécue en Australie alors que j'étais de passage pour présenter In - I avec Juliette Binoche», poursuit-il.

«Après le spectacle, je suis sorti pour prendre un taxi et en ouvrant la porte, un couple derrière moi s'est introduit dedans. J'étais offusqué, mais j'ai attendu le prochain. Puis j'ai ressenti le besoin d'appeler mon père pour entendre sa voix. C'est très rare que je l'appelle, nous avons une relation très pragmatique. Après avoir raccroché, le chauffeur s'est retourné et m'a dit en bengali qu'il connaissait mon père, me précisant son nom et celui du village d'où nous venons. Même au Bangladesh, personne ne connaît cet endroit. J'ai eu peur, puis j'ai rappelé mon père. Ils se sont parlé et se sont mis à pleurer. Le chauffeur avait grandi avec mon père et ils s'étaient perdus de vue depuis 35 ans.»

C'est après cette expérience troublante qu'Akram Khan a commencé à se questionner sérieusement sur l'existence d'une force invisible qui connecterait les individus entre eux. «J'ai essayé de retrouver l'essence de la spiritualité à travers ma chorégraphie », précise-t-il.

Le chorégraphe a donc imaginé l'histoire d'un prophète qui revient sur Terre et découvre que les hommes sont devenus des guerriers primitifs. Il va alors chercher à les entraîner vers le divin et à les mener dans l'au-delà, qui se trouve sur scène derrière un rideau toujours brouillé, une sorte de membrane entre la vie et la mort.

Les huit danseurs évolueront sur la musique de Nitin Sawhney, complice de longue date d'Akram Kahn et pionnier de la musique underground asiatique.

«C'est ma collaboration la plus forte avec Nitin. La vie et la mort ont leur propre sonorité. Le rythme change au fil de la pièce. Au début, il y a plus de percussions, comme des battements de coeur et c'est plus une approche épique venant de l'Ouest. Puis, doucement, ça devient plus spirituel et presque hypnotique comme musique, inspirée du Moyen-Orient à mesure que les individus retrouvent leur humanité», explique le chorégraphe.

Akram Khan travaillera au cours des prochains mois sur une pièce destinée à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres et pense déjà revisiter en 2013 Le sacre du printemps de Stravinski.

Vertical Road, à la salle Maisonneuve de la Place des Arts, du 25 au 28 janvier.