Dans Gamaka, premier des deux programmes de Shantala Shivalingappa présentés à la Cinquième Salle de la PdA, la danseuse et chorégraphe fait une démonstration captivante du kuchipudi, danse sacrée du sud de l'Inde, appris depuis sa prime jeunesse. Accompagnée par ses quatre musiciens, dont un chanteur, elle danse comme on fait offrande aux dieux. Danse sacrée pour une sacrée danseuse!

Présenté pour la première fois à Paris, où Shantala a grandi avec sa famille (sa mère est aussi une danseuse connue), ce programme est composé de six parties, chacune introduite par une explication de l'interprète en voix hors champ. La danseuse, vêtue d'un costume précieux de soie émeraude et or, saisit l'attention du spectateur par la grâce et la souplesse de ses exécutions, l'incroyable amplitude de ses bras, le jeu de bras et de pieds...

Cette infinie minutie, dont on imagine qu'elle repose sur des décennies de pratique, mais aussi sur une inspiration quasi mystique, trouve son point d'orgue dans la troisième partie, un Varnam, pièce centrale de la soirée comme il se doit dans un programme traditionnel de danse indienne. Les figures exécutées témoignent d'une technique portée à son apogée, mais ce n'est pas tout: le kuchipudi comprend une dimension populaire narrative. Le spectateur occidental peut suivre l'intrigue grâce à la grande expressivité de la danseuse, à sa maîtrise de la théâtralité déployée à travers ses gestes, ses regards, les mouvements de ses membres, en particulier du bout de ses doigts, sans oublier sa tête.

Avec un tel spectacle, on ne peut qu'être impatient de voir Namasya, le second programme, contemporain celui-là, présenté de demain à samedi.