Marie Chouinard et ses 14 danseurs présentent, à partir de jeudi, Le nombre d'or au Théâtre Maisonneuve, une création déjà applaudie à la Biennale de Venise et à Vancouver pendant les Jeux de 2010.

En mathématiques, le nombre d'or équivaut approximativement à 1,618; c'est la proportion dite «idéale». On le retrouve en architecture, notamment dans les monuments de Le Corbusier, en peinture avec Salvador Dali ou Léonard de Vinci et en musique. C'est également une théorie esthétique, explicative de la beauté. Mais ce n'est pourtant d'aucune de ces interprétations que s'est inspirée Marie Chouinard pour créer son ballet en un acte de 75 minutes.

«Quand le titre a été trouvé, la chorégraphie était terminée depuis longtemps. Je l'ai choisi parce que je trouve ça très beau. C'est très poétique, car un nombre est tellement abstrait alors que l'or est si concret. Louis Dufort, le compositeur avec qui je travaille, utilise toujours le nombre d'or dans ses créations», explique la chorégraphe.

«Je suis partie d'un solo que je venais de créer pour moi, Gloire du matin, et dans lequel j'avais travaillé sur la manifestation de la pensée dans l'espace. Je veux faire comprendre que derrière chaque geste, il y a toute une réflexion, une pensée. C'est dans ce sens-là que j'ai dirigé mes danseurs pour Le nombre d'or», ajoute-t-elle

La chorégraphe coscénarise la scénographie de cette pièce avec Guillaume Lord, filmant les danseurs grâce à des caméras en arrière-scène et dont les images sont retransmises en direct sur des écrans verticaux. Toujours soucieuse d'offrir diverses perspectives au public, elle a choisi de placer certains spectateurs de chaque côté de la scène.

«Physiquement, je suis partie de l'envie de travailler avec des masques blancs, mais aussi d'une idée de scénographie que j'avais dès le départ, d'utiliser une plateforme qui se prolonge sur 12 mètres dans la salle», ajoute Marie-Chouinard.

Deux douzaines de micros capteront les bribes de phrases lancées par les danseurs et leurs cris, évoquant tantôt la naissance, la jouissance ou la douleur.

Comme à son habitude, la chorégraphe a créé ses propres accessoires, parmi lesquels on retrouve des masques faits à partir de photographies de visages connus ou inconnus.

«Ce n'est pas une intention humoristique, mais ça fait rire les gens: dans chaque pays où je vais, un des masques est celui du premier ministre ou du chef d'État où on va. Ici, ce sera Stephen Harper. C'est un clin d'oeil à la société et à ses structures. On fait référence aux trois âges de la vie: les bébés, l'âge mûr et les vieillards», dit-elle.

Les danseurs illuminés par des lampes surdimensionnées porteront sur scène de longues perruques blondes et des costumes dorés à franges, confectionnés par Lise Vandal, complice de la chorégraphe depuis 14 ans.

«Je refuse qu'elle me montre des dessins. Je suis assise à la 25e rangée d'un théâtre et les danseurs arrivent sur scène en costumes. En une journée, on trouve la direction qu'on veut prendre».

Dans Le nombre d'or, Marie Chouinard offre à la danseuse Carol Prieur un solo de plus de 10 minutes.

«C'est une véritable mise à nu. Ça fait 16 ans qu'on travaille ensemble et dans ce solo, j'ai l'impression de la voir au summum de son art», conclut Marie Chouinard à propos de sa collaboratrice sacrée danseuse de l'année par le magazine allemand BalletTanz après la présentation du Nombre d'or en Europe.

Le nombre d'or (Live), de Marie Chouinard, sera présenté par Danse Danse du 24 au 26 novembre au Théâtre Maisonneuve.