On connaît l'histoire d'amour impossible entre Camille Claudel et Auguste Rodin. Il y a eu le livre Une femme, d'Anne Delbée, qui a inspiré le film Camille Claudel, de Bruno Nuytten, avec la comédienne Isabelle Adjani, couronnée pour son interprétation. Puis, le livre de Dominique Bona, qui s'intéressait à la relation ambiguë entre Camille la sculptrice et son frère Paul, l'ambassadeur et écrivain.

Tout un monde. Le génie rebelle et la minutie de Claudel qui rencontrent l'univers de Rodin, à la stature imposante. Rodin qui courtise les goûts du gouvernement français et en recueille les subsides. Rodin marié à une femme jalouse. Claudel déchirée entre l'amour de son père et l'incompréhension de sa mère.

Ces personnages sont tous présents dans la pièce du chorégraphe Peter Quanz. «J'ai centré le ballet sur leur relation, sur la manière dont elle a influencé leur oeuvre, sachant que Claudel a détruit 50% de la sienne avant même que sa mère la fasse interner», explique-t-il.

De qui se sent-il le plus proche? «De Rodin professionnellement, répond Quanz, mais de Camille certainement sur le plan intime.»

Le chorégraphe a dû adapter son vocabulaire chorégraphique, épuré, plein de finesse et d'harmonie, pour traduire la pierre en chair. «J'ai fait une grande recherche, dit-il, notamment lors d'un atelier à New York autour des oeuvres de Claudel et Rodin. J'ai beaucoup travaillé avec les danseurs à partir de photos des sculptures. Il fallait donner une gestuelle plus académique et prestigieuse à Rodin et une gestuelle fluide, fine, avec une grande expressivité des mains, des pieds, des détails du visage à Camille.»

Des rôles exigeants

Vingt-sept danseurs occupent la scène dont 12 incarnent des sculptures. Émilie Durville et Marcin Kaczorowski forment l'un des deux couples de danseurs qui interpréteront les rôles principaux. Comment se sont-ils préparés pour ces rôles? «Nous avons beaucoup lu, disent-ils ensemble, des biographies et des livres d'art pour bien nous imprégner de leur histoire et surtout de leur personnalité.»

Marcin Kaczorowski dit avoir regardé beaucoup de photos de Rodin «pour tenter de saisir son caractère à travers ce qui se dégageait de lui». «Ce n'était pas une mauvaise personne, poursuit-il. Je pense qu'il aimait vraiment Camille, mais il ne pouvait pas vivre avec elle. Peut-être qu'il était jaloux d'elle aussi, de son talent, de son indépendance, de sa jeunesse, on ne sait pas. Mais tout ça me donne des pistes pour l'incarner.»

Française, Émilie Durville dit d'emblée avoir un lien particulier avec Camille. «Ma mère est sculptrice et elle voue une passion à Claudel et à Rodin, dit-elle. Elle sait tout sur eux et m'en a déjà beaucoup parlé. À cause d'elle, ça me touche tout particulièrement d'incarner Claudel. Elle va venir à Montréal pour voir la pièce. Ça m'émeut beaucoup.»

Rodin/Claudel, de Peter Quanz, par les GBCM. Du 13 au 29 octobre au Théâtre Maisonneuve. Infos: grandsballets.com