Le Rubberbandance Group est de retour avec Gravity of Center une création à mi-chemin entre férocité et élégance, qui plonge au coeur des instincts primaires de l'individu confronté au groupe. Victor Quijada, fondateur de la compagnie avec Anne Plamondon, et chorégraphe, présente sa pièce.

Depuis la fondation du RBDG en 2002, on adore retrouver leur univers singulier à cheval entre la rue, le studio de ballet et la scène, et le vocabulaire chorégraphique spécifique à Quijada, son style électrisant, accessible et tonique, brut et sophistiqué à la fois, fortement influencé par le hip-hop, le ballet et la danse contemporaine. Les duos qu'il interprète avec Anne Plamondon sont toujours des moments magiques, subtils, même s'il a depuis plusieurs pièces opté pour le groupe.

Cette fois le côté ludique de leur dernière pièce Punto Ciego (2009) cède le pas à une certaine gravité, dans le sujet et donc aussi dans le mouvement: «J'ai commencé à y penser il y a un an, explique Victor Quijada, en pleine crise financière internationale. Qu'arrive-t-il lorsque nos ressources se raréfient - argent, pétrole, nourriture, eau - quand nous n'avons plus le choix? Nous revenons alors à ce qui constitue la base du rapport humain avec son environnement, redevenons pareils à des groupes d'animaux nomades à la recherche de ressources vitales. Pour ça, il nous faut compter sur le groupe, l'instinct de grégarité, et en même temps affirmer une individualité. C'est le centre de gravité de notre condition humaine face à la société comme face à la nature.»

Il a pensé l'espace scénique comme un lieu désertique dans lequel erre une horde abandonnée en quête de survie. Une ambiance qui n'est pas sans rappeler La route de Cormac McCarthy. Cinq êtres se déplacent (Emmanuelle Lê Phan, Elon Höglund et Daniel Mayo, en plus de Plamondon et Quijada) se repoussent, se regroupent, migrent pour survivre. Quijada ouvre un espace hors du temps, dans lequel sa gestuelle singulière exprime toute la charge de cette relation antagonique, parfois violente, entre les besoins de l'individu et les intérêts du groupe, inventant une gestuelle adéquate, faite de mouvements arrêtés, de tensions dans le corps, de mouvements rotatifs autour d'un centre, d'apports aussi venus de la breakdance.

Un retour à son centre à lui, sa grande maîtrise du mouvement pur qui se passe de toute autre narration: «Dans ma précédente pièce, j'ai voulu me prouver que j'étais capable d'utiliser la vidéo à ma façon, mais là je reviens à l'essentiel: le rapport du mouvement à l'espace et le rapport des danseurs avec le mouvement.» La part de ses deux complices de longue date, Yan Lee Chan aux éclairages et Jasper Gahunia (DJ Lil Jaz) à la conception sonore est primordiale. La musique en particulier, hybride, prégnante, se veut le pendant sonore de la puissance et de l'éloquence de la gestuelle. Les costumes sont signés Julie Charland.

Gravity of cCnter est la troisième et dernière pièce que le RBDG créera dans le cadre de sa résidence à la Place des Arts qui s'achève en juin.

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Gravity of center du Rubberbandance Group, du 12 au 21 avril, à 20 h, à la Cinquième Salle de la PDA