La compagnie de danse Bouge de là n'aura jamais aussi bien porté son nom. Avec sa nouvelle création, L'atelier, Hélène Langevin revisite des toiles d'artistes majeurs en les fondant dans des tableaux vivants dansés. Un angle original qui initie le jeune public à la création visuelle.

La chorégraphe Hélène Langevin a, semble-t-il, toujours associé des courants d'arts à ses pièces. «J'ai toujours été influencée par les arts visuels. Par exemple, Chut! a été créée dans un environnement surréaliste alors que Vieux Thomas et la petite fée, avec ses mouvements d'eau, était beaucoup plus impressionniste...»

Présenté à l'extérieur de Montréal depuis le mois d'octobre dernier, L'atelier nous propose rien de moins qu'un voyage dans l'histoire de l'art du XXe siècle. Expressionnisme, impressionnisme, dadaïsme, pop art, Hélène Langevin s'est inspiré du travail d'artistes visuels (qu'elle projette sur un grand écran) pour créer ses chorégraphies.

Une toile de Sonia Delaunay, avec des cercles concentriques très colorés, a inspiré une danse où tous les mouvements sont circulaires; une peinture de Jean Dubuffet, qui met en scène deux personnages d'art naïf en grande conversation, a donné naissance à un numéro à deux où les personnages poursuivent leur discussion hors de la toile.

Puis, les projections de tableaux laissent place à un véritable travail de création visuelle exécuté par les quatre interprètes - Audrey Bergeron, Nicolas Labelle, Jean-François Légaré et Jessica Serli. Par exemple, pour représenter le dadaïsme, les danseurs font des collages, transforment aussi des objets, comme ce buste de mannequin qui devient un pot de fleurs, etc.

Pour évoquer l'univers de René Magritte, il y a un jeu d'ombres et de lumières; l'époque pop art est représentée par des couleurs très vives, des danses très festives, populaires. Et puis, Hélène Langevin pousse l'audace jusqu'à créer des tableaux vivants en captant les mouvements des danseurs qui sont enregistrés, transformés et projetés sur l'écran.

«C'est vraiment assez technique, mais le résultat est épatant, nous dit la chorégraphe. On peut créer des lignes de couleurs, des textures, tout ça à partir de la gestuelle des danseurs captée par des ordinateurs qui relaient les images sur un écran.»

Dans cette pièce sans paroles, il n'y a aucune trame narrative ni aucune histoire à conter. Simplement une démonstration éloquente de la création d'une oeuvre visuelle. «Jusqu'à présent, la réaction des enfants est vraiment géniale, nous dit Hélène Langevin. Ils sont captivés par le spectacle qui regorge d'images. Quant aux adultes, ils détectent assez facilement les différents courants d'art. Tout le monde y trouve son compte.»

L'atelier, à l'Agora de la danse le 12 février, au Théâtre Outremont le 20 février, puis en tournée un peu partout au Québec (détails: www.bougedela.org). À partir de 5 ans.