La nouvelle création de Pigeons International se veut un hommage au corps humain. Après s'être intéressée à l'héritage du navigateur portugais Vasco de Gama (dans Boa Goa), Paula de Vasconcelos se tourne vers le «vaisseau temporaire» qu'est notre corps.

L'idée de départ était de parler de la mort. Et de la transcendance de l'esprit sur le corps.

«C'est la dimension spirituelle qui m'intéresse dans ce projet, nous confie Paula de Vasconcelos au cours d'un bref entretien. L'idée que nous sommes de passage et qu'à l'intérieur de notre corps, vit quelque chose de plus grand.»

Pour mieux évoquer la mort, la directrice artistique et chorégraphe de Pigeons International, a choisi de parler du corps comme d'un formidable instrument de la vie, à travers lequel s'exprime une relation amoureuse, faite de hauts et de bas; qui naît, grandit, mûrit, puis meurt. Avec deux êtres à la fois libres et intimement liés.

«Je parle du cycle de la vie à travers le cycle du corps humain, poursuit l'idéatrice et chorégraphe de Grâce à Dieu, ton corps. Il n'y a pas de trame narrative. Simplement des tableaux dansés, qui mettent en scène deux amoureux. Et un troisième personnage qui représente tour à tour un amant et la mort elle-même, bref la représentation d'un passage.»

Ce couple d'amoureux (interprétés par David Rancourt et Natalie Zoey Gauld), passe ainsi par toutes les étapes d'une relation: «L'euphorie, le désir, la trahison, la colère, la tristesse, le pardon et la mort», précise Paula de Vasconcelos. Naissance et mort d'une relation, donc, mais aussi de la vie elle-même, qui se transforme, pour mieux s'élever.

Les productions de Pigeons International partent toutes d'un noeud dramatique, rappelle sa cofondatrice, mais cette fois-ci, il n'y a aucun texte pour appuyer la proposition artistique de la compagnie. «Ni dit, ni projeté, ni enregistré», insiste Paula de Vasconcelos.

Un élément nouveau s'ajoute à cette nouvelle production: la présence sur scène (à certaines occasions) de deux petites marionnettes en bois créées par Marcelle Hudon (qui a longtemps travaillé avec Kobol Marionnettes) et manipulées à vue, qui apparaissent dans un cadre un bois et font écho à l'histoire des deux amoureux.

«C'est une autre histoire d'amour parallèle, beaucoup plus simple et naïve, mais qui nous renvoie à nous-mêmes, explique Paula de Vasconcelos. C'est comme si en voyant leurs maladresses, parce qu'elles sont quand même en bois, et en même temps leurs prouesses, parce ce qu'elles peuvent voler, faire des culbutes, être suspendues par des fils, nous étions confrontés à la fois à leurs failles et à leur potentiel extraordinaire. Ça nous fait réfléchir sur notre propre condition d'êtres imparfaits, mais extraordinaires.»

Enfin, la musique est très présente dans ce récit dansé. La metteure en scène s'est tournée vers le compositeur vancouvérois Owen Belton, qui avait également signé la trame musicale de Boa Goa.

«La musique joue un rôle important, nous dit-elle. Elle contribue notamment à créer, dans le dernier tableau, une impression que la vie continue, même si son état est altéré, qu'elle est ailleurs.»

Pour trouver la bonne énergie, le bon vocabulaire physique, les interprètes ont fait beaucoup d'improvisation, contrairement aux habitudes de Pigeons International. Paula de Vasconcelos estime que le spectacle est très collé aux interprètes et en même temps plus libre que les spectacles précédents.

Comme le suggère l'affiche de la pièce, les interprètes jouent nu dans plusieurs des 17 tableaux: «Je voulais d'une nudité festive, pas nécessairement provocante, parfois maladroite même, dit la chorégraphe. Je voulais inclure la nudité à des moments inhabituels de la vie quotidienne, tout en soulignant la grâce du corps humain.»

Grâce à Dieu, ton corps, du 1er au 19 février à la Cinquième salle de la Place des Arts.