Le Festival des arts de Saint-Sauveur, qui a débuté jeudi, va clore sa 13e présentation avec, en première canadienne, Radio and Juliet du Ballet Maribor. Radio, comme dans Radiohead, le célèbre groupe rock britannique, et Juliet, comme dans Roméo et Juliette de Shakespeare.

Dans Radio and Juliet, le chorégraphe et chef de ballet du Ballet Maribor, Edward Clug, ose remplacer la partition de Prokofiev, qui accompagne traditionnellement les ballets tirés de la pièce de Shakespeare, par une trame sonore conçue à partir de la musique de son groupe préféré. «La musique de Radiohead convient parfaitement à cette histoire aussi belle que tragique», assure Clug, joint en Croatie où il passe ses vacances.

 

Cela dit, dans Radio and Juliet, pas de scène du balcon ni de vaporeuses robes blanches. Juliette se balade en simple corset et les hommes sont torse nu sous leur costume. D'ailleurs, toute la facture du ballet transpire la modernité: une scénographie épurée, une gestuelle sinueuse et athlétique, tout en vitesse (qui rappelle parfois celle d'Édouard Lock) et des danseurs puissants et sexy - Clug, un des six danseurs masculins de Radio and Juliet, est lui-même plutôt beau gosse.

Le chorégraphe trentenaire n'est pas peu fier de Radio and Juliet, devenu la carte de visite de la compagnie de ballet du Théâtre national de Maribor, une pittoresque ville de quelque 100 000 habitants - la deuxième plus populeuse de Slovénie. Engagé par la compagnie en 1991 à titre de danseur soliste, Clug est promu chef du ballet en 2003.

«J'avais la ferme intention de donner à la compagnie une visibilité internationale», avoue celui qui, enfant, ne voulait danser que pour fuir la Roumanie, alors sous le joug du dictateur Nicolae Ceaucescu. «J'avais entendu parler de danseurs qui quittaient le pays. Ma seule ambition: devenir assez bon pour être engagé à l'étranger et foutre le camp!»

Radio and Juliet est notamment tombé dans l'oeil de la puissante Ella Baff, directrice générale du prestigieux festival de danse américain Jacob's Pillow, qui présentait le Ballet Maribor en juillet. «Ils ont eu un succès fou, soutient-elle, encore sous le charme. Le ballet est rempli de passion et d'émotion, doublées d'une sorte de mélancolie qui vous prend dans le détour.»

«C'est casse-cou de se mesurer à un classique, ajoute-t-elle, mais Edward a trouvé un filon tout à fait original pour l'actualiser et il module cette trame d'une main de maître, durant tout le ballet.»

La trouvaille de Clug? À son réveil, Juliette découvre Romeo inerte, mais elle ne se suicide pas comme dans l'histoire originale. «Qui sait, elle est peut-être alors déjà morte?» lance le chorégraphe, qui puise son inspiration dans le regard que pose Juliette sur l'amour, elle qui a baigné toute sa vie dans un monde d'hommes.

Et Roméo dans tout ça? «Il y a six hommes pour une femme et tous ces danseurs peuvent être Roméo, un à un ou tous à la fois. Pour Juliette, ces hommes sont tout son univers.»

Radio and Juliet du Ballet Maribor. Le 7 août (20h) et le 8 août (21h) au FASS. Info: www.fass.ca.

 

À faire aussi à Saint-Sauveur

Le Festival des arts de Saint-Sauveur bat son plein depuis jeudi. Quelques activités à surveiller:

> Demain, dimanche, c'est le grand Tohu Bohu. Spectacles de danse, animation, slam, hip-hop et contes africains: la ville bat au rythme de cette journée spécialement conçue pour les jeunes, de midi à 17h.

> Le FASS, c'est aussi de la musique. Le 4 août, sous le chapiteau, le célèbre pianiste jazz Oliver Jones revient au festival, à la demande générale. Et le 6 août, place à la grande Diane Dufresne, accompagnée par un pianiste et un ensemble à cordes.

> Le festival offre aussi plusieurs spectacles gratuits, sur la scène Desjardins, en plein centre-ville, dont un hommage à Bob Marley, jeudi, et Out of White, vendredi, un spectacle réunissant danse, chanson et peinture, avec notamment la subjuguante danseuse Francine Liboiron et le chanteur Philippe Laloux.