Sylvie Guillem et Russell Maliphant n'en sont pas à leur première collaboration. Déjà, Broken Fall, en 2003, faisait naître une complicité entre les deux virtuoses, continuée avec Push, en 2005, et qui se poursuit avec Éonnagata. Auparavant, les deux ont mené des carrières florissantes qui les consacrent génies de la danse. Ensemble, ils ont choisi Robert Lepage pour cette création, et Sylvie Guillem a fait les premiers pas pour l'inviter dans cette danse.

Sylvie Guillem, c'est la grâce et l'énergie mêmes, une personnalité indépendante, magnétique et, il faut le dire, des lignes fabuleuses. Surdouée, elle entre à 11 ans à l'Opéra de Paris et gravit à toute vitesse les rigides échelons de la danse classique. À 19 ans, au soir de sa première performance dans le Lac des cygnes, la jeune Française est sacrée danseuse étoile par Rudolf Noureev, qui annonce lui-même la nouvelle au public. Elle brille à l'Opéra de Paris pendant quatre ans. Les invitations fusent pour danser sur les grandes scènes du globe, mais l'Opéra refuse qu'elle les accepte à sa guise, ce qui cause son départ de l'institution en 1988. Elle devient artiste principale invitée du Royal Ballet de Londres et de grands chorégraphes lui créent des oeuvres sur mesure (Maurice Béjart, William Forsythe, Mats Ek, Jerome Robbins, Akram Khan, notamment) qui la font migrer vers la danse moderne et la danse contemporaine, d'abord en tant qu'interprète, puis, chorégraphe.

 

Russell Maliphant

Né à Ottawa, Russell Maliphant fait carrière en Angleterre, où il a grandi et étudié le ballet classique. Il est diplômé du Royal Sadler's Wells Ballet à 19 ans. Il délaissera le classique pour le moderne et, interprète pigiste, collaborera avec divers chorégraphes (Michael Clark, Laurie Booth, Rosemary Butcher). Il élargit son vocabulaire gestuel, explorant des méthodes qui, au-delà de la chorégraphie, dépendent de l'apport du danseur (improvisation, capoeira). Poète de la forme, il a ainsi peaufiné son style à la rythmique sophistiquée où la force contenue se traduit dans un contrôle impeccable, même en déséquilibre et dans des postures périlleuses. Ses premières oeuvres, dès 1991, le révèlent à des publics restreints qui lancent le mot: c'est le chorégraphe à découvrir.

Maîtres de leurs techniques, les deux artistes s'abreuvent aussi à des sources de mouvements variées, tel l'aïkido et le yoga pour Sylvie Guillem, ou encore yoga et taï chi pour Maliphant, ce qui contribuera sûrement à la qualité orientalisante qu'appelle Éonnagata.