«Un grand espace lumineux avec vue sur la montagne», c'est ce dont Marie Chouinard a toujours rêvé et c'est ce qu'elle a fini par obtenir, lorsqu'il y a deux ans, à force de persévérance et d'obstination, elle s'est enfin vue attribuer l'édifice de l'ancienne Bibliothèque Aegidius-Fauteux situé au 4499, de l'Esplanade, au pied du mont Royal.

Endroit magnifique, trois étages qui contiennent des espaces gigantesques sans colonnes et une exceptionnelle fenestration, idéalement parfait pour la danse, bien qu'il fut à l'origine conçu par les architectes Alan Bernstein et Harry Mayerovitch en 1951, dans le pur style de l'époque, pour devenir un centre culturel juif, avant d'être vendu dans les années 80 à la Ville de Montréal qui l'a utilisé pour les Archives nationales... avant de déménager celles-ci à la Grande Bibliothèque.

 

«C'est grâce à l'ouverture de BANQ que j'ai obtenu ce lieu. Alors en hommage au livre et à l'histoire de ce lieu, je l'ai nommé La Bibliothèque» explique la chorégraphe, qui a elle-même récemment publié un recueil de poésie. Elle l'a fait peindre en blanc - «Parce que ça réfléchit la lumière et ça fait classe sans grand budget» -, l'a souhaité épuré autant qu'impeccablement organisé.

Marie Chouinard mène la visite, radieuse, heureuse de partager sa joie d'avoir un lieu tellement à son image dans lequel elle, sa compagnie et son équipe administrative - une trentaine de personnes au total -, se sentent tellement bien, au point d'y «être de 7h30 à 19h, d'y venir la fin de semaine et pendant les vacances de Noël», au point de voir ses danseurs «traîner parfois là jusqu'au moment d'aller se coucher»...

Un vrai «chez-soi» qui se répartit en trois principaux pôles. Le sous-sol, avec les bureaux, les cuisines, les archives, l'entrepôt pour les décors et costumes ainsi que les studios de son que la compagnie loue.

Au premier étage, le bureau de Marie, minimaliste et accueillant, qui jouxte le «petit» studio, celui qu'elle utilise pour elle-même ou pour travailler avec une seule partie de la compagnie, un studio exactement de la taille de celui que la compagnie avait 16 ans durant dans le Cooper Building, et où Marie Chouinard a concocté toutes ses pièces jusqu'à la dernière...

Et le second avec LE studio, un lieu immense, «exactement la taille de la scène du théâtre Maisonneuve», extraordinaire de lumière, auréolé par une charpente en éventail et tapissé par un plancher de bois franc «conçu exprès pour la résilience», qui contient par un ingénieux système de rideaux pour transformer l'endroit en boîte blanche ou en boîte noire et concevoir les pièces à leur dimension réelle.

Elle se sent si bien là qu'elle prépare un solo, le premier depuis 20 ans, qui devrait être prêt pour le mois de juin: «J'inviterai les spectateurs ici, chez moi, pour leur montrer», dit-elle.

Tout cela est bien concret, mais il y a un truc en plus, une sorte de clin d'oeil du destin. On sait Marie Chouinard mystique et imprégnée de spiritualité indienne, eh bien... en faisant des recherches pour connaître l'histoire de son lieu, elle a découvert que le grand studio du deuxième étage fut, en 1951, la salle de spectacle du centre juif originel, et que lors de l'inauguration, on invita un danseur indien à interpréter une danse sacrée!

Quand on sait que ce danseur se nommait Shivaram, esprit de Shiva, et que dans la mythologie hindoue, le dieu Shiva Nataraja danse pour faire tourner l'univers, on ne peut s'empêcher de penser que cet espace, décidément, est bien habité.

Danse pour les 12-17 ans

LADMMI reprend ses ateliers d'initiation à la danse contemporaine pour les adolescents, sans aucun préalable de danse requis: quatre heures de danse par semaine, deux extraits chorégraphiques et représentation à la fin de la session devant les invités choisis par les élèves, ainsi que remise d'un DVD avec le travail de toute la classe. Horaires et tarifs au www.ladmmi.com