La chorégraphe Marie Béland dévoilait la semaine dernière Dieu ne t'a pas créé juste pour danser. Dans cet amusant hymne à la danse, les danseurs Dany Desjardins, Zoey Gauld, Simon-Xavier Lefebvre et Anne Thériault, ainsi que le DJ MC Gilles, s'amusent follement.

Dans la salle, le soir de la première du moins, des amis, des chorégraphes et des critiques ne peuvent que pouffer de rire devant ce déferlement de parodies. Rien n'y échappe: les vénérables pionniers de la danse moderne, les irrévérencieux Post-Modern américains, la nouvelle danse québécoise, l'improvisation, la performance, la non-danse ou le clubbing. Sagement organisé en chapitres, tout passe au tordeur, au son des musiques merveilleusement anachroniques de MC Gilles.

 

Premiers flashes: l'oeil averti reconnaît les poses orientalistes de Ruth St-Denis, les ombres des expressionnistes allemands, les coups de bassin de Nijinski dans L'après-midi d'un faune (scandaleux en 1912!). Un grand morceau de tissu vaporeux évoque les explorations naturalistes d'Isadora Duncan au début du XXe siècle, puis devient l'austère châle de la tragique Martha Graham. On fait aussi à la Trisha Brown ou à la Merce Cunningham. Béland a même incorporé un incontournable danseur tout nu!

Les Québécois ne sont pas épargnés: on reconnaît les atterrissages d'un Daniel Léveillé, les immenses enjambées d'un Jean-Pierre Perreault, la ballerine «extrême» écartelée entre deux danseurs à la Lock et même les «blondes» d'Un peu de tendresse... de Dave St-Pierre. À noter, Zoey Gauld imitant Marie Chouinard dans Le faune. Tordant!

En hommage aux dérapages, une improvisation se perd dans un fouillis de corps, une performance sur l'avenir de la planète se prend très très au sérieux, et trois thématiques différentes finissent par donner à peu près la même chorégraphie; pas de quoi rassurer ceux qui se plaignent de ne rien comprendre à la danse! Le groupe va même jusqu'à faire voter le public: tellement tendance!

Dieu ne t'a pas créé juste pour danser se moque, mais c'est de bon coeur. C'est varié, amusant et on s'est, pour la plupart, gardé de cabotiner pour cabotiner. Cela dit, il faut se demander si un tel spectacle n'est pas confiné à ne plaire qu'aux aficionados.