Après Sylvain Émard, l'Usine C accueille la nouvelle création de Louise Bédard, Enfin vous zestes, inspirée de l'oeuvre de la peintre canadienne d'origine hongroise Marianna Gartner.

La chorégraphe achève ainsi sa trilogie de pièces inspirées par les univers visuels d'autres créatrices, la photographe italo-mexicaine Tina Modotti pour le duo Elles en 2002, et la collagiste allemande Hannah Höch pour le sextuor Ce qu'il en reste en 2005.

 

Louise Bédard créé ainsi un écho à la création d'autres artistes, même si demeure le thème récurrent de l'interrogation sur l'être humain, son identité propre affirmée dans son rapport aux autres, à la société et à la nature même.

«Ma danse doit rejoindre l'humain, affirme-t-elle, et cette pièce-ci m'apparaît comme un aboutissement et une affirmation. Ça veut dire: enfin vous voilà, ici et maintenant, à une place choisie par vous et non imposée, même si l'on sait que l'identité se forge à travers l'identification.»

Mais attention, le titre cache une dimension moins simple et évidente: «J'ai appris que l'exclamation «z'este!» voulait dire «je refuse» en ancien français. Ça m'a plu car s'affirmer ici et maintenant passe aussi par le fait de refuser, de faire un choix conscient et revendiqué. C'est la détermination de soi dans la résistance.» Selon sa vision donc, l'identité implique d'abord l'identification, puis l'autodétermination.

On retrouve précisément cela dans la singularité des peintures de Marianna Gartner. La peintre produit des portraits hyperréalistes à partir de photographies anciennes, à l'air un pu désuet, mais des portraits réinterprétés, détournés du réel par l'ajout notamment d'un objet intime inattendu, voire incongru; une petite poupée, un écureuil, un squelette de bébés siamois, un tequel... se retrouvent ainsi dans ses tableaux, comme pour révéler un aspect invisible du personnage.

«Pour moi ce sont comme des toutous d'enfance, leur présence dans les tableaux de Gartner dévoile leur rapport à l'intime. J'ai osé faire la même chose dans ma pièce, en amenant notamment un petit dinosaure en peluche sur scène pour symboliser par exemple le rapport au temps.»

Un dinosaure donc, mais surtout six interprètes. «J'avais commencé par un quatuor, mais je ne me sentais pas à l'aise avec quatre danseurs, alors j'ai décidé de revenir à un groupe de six.» Deux dimensions ont inspiré le choix des danseurs. Le fait qu'ils soient différents d'âges et d'expériences, et le fait qu'elle a déjà bien travaillé avec eux, Jean-François Déziel ou Ken Roy, ou qu'ils n'aient au contraire jamais collaboré, comme Sarah Williams, Tom Casey, Victoria May et Marie-Claire Forté. Et aussi, qu'elle se soit pour la première fois beaucoup inspirée de leurs improvisations. Enfin vous zestes: une pièce d'affirmation identitaire, mais qui ménage l'ouverture sur l'inconnu.

Ganas de Vivir d'Élodie Lombardo

Une chorégraphie qui s'annonce stupéfiante pour lancer la saison de Dance Cité, avec la pièce Ganas de Vivir d'Élodie Lombardo (une des deux figures de la très originale compagnie Les Soeurs Schmutt) pour un étonnant croisement de huit interprètes mexicains et québécois autour de deux divergences culturelles fondamentales: le rapport à la langue et le rapport à la mort. À surveiller de près. Du 24 septembre au 4 octobre, 20 h, au Monument-National. Infos: (514) 871-2224.

Cuvée de jeunes danseurs 2008

Comme chaque année, Tangente ouvre sa saison avec Danses Buissonnières, courtes pièces qui offrent un aperçu de la jeune cuvée de danseurs de l'année. Du 25 au 28 septembre, découvertes des pièces des jeunes Virginie Brunelle, Gibson Muriva et Aurélie Pedron de l'UQÀM, Véronique Gaudreau, Julia Male et Ashlea Watkin de Concordia. La semaine prochaine, place aux diplômés du 2 au 5 octobre. Infos: www.tangente.qc.ca ou (514) 525-1500.

 

À l'agenda



Ganas de Vivir, d'Élodie Lombardo, au Monument-National, du 24 septembre au 4 octobre.

Enfin vous zestes, de Louise Bédard, à l'Usine C, du 25 septembre au 5 octobre.

Concours chorégraphique des Grands Ballets Canadiens, à l'Agora de la danse, du 25 su 27 septembre

Transatlantique Montréal, jusqu'au 4 octobre (divers lieux)

Danses Buissonnières 08, à Tangente, du 25 au 28 septembre.