Veston à paillettes et énergie débordante, Anthony Kavanagh a fait une entrée flamboyante sur les planches du Théâtre St-Denis hier soir pour la grande première de son nouveau spectacle, Showman - Il était une fois Anthony Kavanagh. Une entrée à l'image de la performance de l'humoriste qui habite la scène comme peu de ses confrères peuvent se targuer de le faire. Mais un spectacle dont la forme frôle la perfection alors que son fond sent parfois un peu trop le réchauffé.

«Mourir au St-Denis! Mais quelle mort de merde!», s'exclame Anthony Kavanagh sur le point d'embarquer le public dans son délire pour 1 h 45 min de spectacle: l'humoriste décédé se retrouve devant une salle comble d'âmes sur le point de descendre sur terre à qui il donne des trucs pour passer le meilleur séjour possible ici-bas. Une prémisse qui va vite se transformer en fourre-tout qui permettra à Kavanagh de démontrer l'ensemble de ses talents et de se lancer dans des thématiques aussi variées que communes comme le corps humain, les émotions, les rapports hommes-femmes ou encore la paternité.

On propose d'ailleurs, après le spectacle d'Anthony Kavanagh, un moratoire sur les blagues sur Donald Trump ou encore celles évoquant les 72 vierges offertes aux musulmans à leur arrivée au paradis. 

Le plus gros bémol de ce spectacle se situe dans les sketchs inspirés par les clichés entourant les relations hommes-femmes.

L'impression de déjà vu culmine avec un numéro dans lequel Kavanagh se moque du chanteur Youssou N'Dour et de son succès Seven Seconds. Les spectateurs de You're Gonna Rire et d'En français s'il vous plaît de Sugar Sammy auront un étrange sentiment de redite.

Inégal, Showman propose aussi de très bons numéros. Ses imitations incisives de René Angélil, Coeur de pirate ou Garou sont hilarantes et donnent lieu à de très bonnes lignes («Garou, tu chantes? Non, tu vomis? Retourne dans le bois!» ou encore «Je suis Mesmerde, le mytho teaser»). Son talent de bruiteur est également indéniable. Mais ses «jokes de fif» sont tout simplement dépassées.

Anthony Kavanagh a pris des risques en voulant faire autant rire que pleurer. Il n'hésite pas à parler de ses parents décédés avec beaucoup d'émotion. Mais on se demande parfois où il veut vraiment en venir, si ce n'est à la magnifique interprétation de It's Hard to Say Goodbye, qu'il a chantée à l'enterrement de sa mère.

Pas une fois pendant près de 1 h 45 min Anthony Kavanagh n'aura semblé manquer de souffle. Il danse, chante, imite, bruite et livre un spectacle très divertissant, mais pourtant loin d'être parfait. Généreux et polyvalent, il aurait pu se permettre moins de variété dans son spectacle qui mériterait d'être quelque peu écourté.

Showman reste un bon divertissement avec de vraies petites merveilles, notamment quand il se glisse dans la peau de ses personnages comme celui de l'avocat haïtien de son fils de 7 ans qui le traîne en cour de justice. C'est de loin le meilleur moment de la soirée, tant dans les textes que dans la forme. En fin de compte, ce sont les parties plus proches du stand-up qui fonctionnent moins bien et ne semblent pas lui coller à la peau. Ce qui sauve la mise d'Anthony Kavanagh, c'est son aisance sur scène et ses qualités de comédien. Le showman dépasse désormais l'humoriste.

En tournée un peu partout au Québec, supplémentaires les 12 et 23 janvier au Théâtre St-Denis.

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Showman - Il était une fois Anthony Kavanagh.