Le terme littéraire d'autofiction convient parfaitement à ce travail de réappropriation et de fictionnalisation de la vie des interprètes. Après Les trois exils de Christian E., l'aventure se poursuit donc à deux entre Chriatian Essiambre qui retrouve ici un vieux copain, Pierre-Guy Blanchard.

Les deux Acadiens revivent sur scène la naissance de leur amitié et la montée d'une admiration réciproque qui survivra à des sentiers qui auront longtemps divergé.

L'un, acteur à succès à la veille de se marier (Essiambre) n'est pas aussi heureux qu'il le laisse croire. L'autre, musicien clownesque semblant dépressif (Blanchard) s'assume beaucoup mieux qu'il n'y paraît.

Au-delà des apparences, des pitreries et des beuveries, donc, les deux hommes se disent leurs vérités, mais surtout leur attachement l'un à l'autre.

Christian Essiambre éblouit par sa grande maîtrise - il se joue lui-même, mais aussi la mère et le grand-père de Pierre-Guy - et ses talents en théâtre physique. Pierre-Guy Blanchard, quant à lui, éprouve plus de difficulté dans les scènes où il doit se montrer fragile, mais il explose lorsqu'il devient le musicien fébrile, voire passionné, qu'il est vraiment.

En fait, ses numéros en solo font penser à un spectacle de stand-up que la mise en scène sobre et agile de Philippe Soldevila fusionne parfaitement à la pièce. Scène dépouillée, armée de quelques micros seulement et d'équipements musicaux, les créateurs se concentrent sur une langue au léger accent acadien qui se permet quelques envolées poétiques.

Cette démarche théâtrale n'est pas s'en rappeler la trilogie de Mani Soleymanlou (UnDeuxTrois) dans son désir tout simple de parler du temps présent et d'une génération prise entre passions dévorantes et espoirs déçus. Sans cynisme, mais avec humour.

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Le long voyage de Pierre-Guy B. Un texte de Philippe Soldevila, Christian Essiambre et Pierre Guy Blanchard.

Mise en scène de Philippe Soldevila

Au Théâtre d'Aujourd'hui jusqu'au 6 février.

Note : *** 1/2