Même si elle tarde à prendre son envol, La fête sauvage, présentée au Théâtre de Quat'Sous s'avère un excellent remède au cynisme ambiant.

Un art naïf. Une ode à la lumière. Une célébration de la parole. Et un bel hommage aux 60 ans du théâtre de Quat'Sous.

La fête sauvage n'est pas si furieuse que ça, mais avouons d'entrée de jeu que c'est un pari difficile de vouloir rire sans sombrer dans le cynisme, de parler de bonheur quand la morosité atteint la fibre même des êtres vivants.

Le spectacle mis en scène par Véronique Côté y réussit parfois. Surtout dans les deux dernières parties après une mise en bouche longuette. En ce sens, La fête sauvage n'est pas différente d'autres spectacles de fin d'année. Des hauts et des bas, un peu d'ennui, mais beaucoup de sourires et quelques rires qui sont autant de baumes sur nos détresses.

C'est là que cette collection de textes de huit jeunes auteurs, librement inspirée de la notion de «pays», se démarque des autres présentations du genre. Peu de créateurs, en effet, tentent de se distinguer en défendant des points de vue progressistes sans tomber dans la dénonciation pure ou l'humour douteux.

Dans la première partie, malheureusement, l'esprit de fête et la «sauvagerie» sont dilués par le propos. De beaux textes de Mathieu Gosselin et de Francis Monty marquent cette entrée en matière qui souffre, par contre, d'un rythme hachuré et d'un idéalisme quelque peu naïf, sinon fleur bleue.

La fête sauvage préfère d'ailleurs les idéalistes aux idéologues. Le bonheur tranquille aux paranoïas. Les deuxième et troisième parties en sont empreintes aussi, mais le pacing, chose essentielle dans un spectacle de musique presque continuelle, est beaucoup mieux maîtrisé.

Notons les performances époustouflantes de Sarah Berthiaume en fille du Roy, le slam écrit et récité par Justin Laramée, et le superbe collectif Pour ou contre qui met littéralement le feu à la salle. Belles surprises musicales aussi de la part d'un duo de comédiens déjà émérites: Frédéric Blanchette et Éveline Gélinas.

Cette troupe talentueuse se tient les coudes serrés et s'amuse ferme la plupart du temps, mais elle peine parfois à établir un contact chaleureux avec les spectateurs.

Le spectacle devrait donc gagner en spontanéité avec le temps. C'est ce que nous souhaitons sincèrement à ces porteurs d'espoir.

Quand les fusillades, les bombes et les morts pleuvent, quand la croissance devient le seul dogme et le pragmatisme la seule raison d'être, disent-ils, oui, il y a bien 10 000 autres raisons de fêter notre humanité. Et de rêver mieux.

Au Quat'Sous jusqu'au 18 décembre.

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Textes de Sarah Berthiaume, Joëlle Bond, Véronique Côté, Steve Gagnon, Mathieu Gosselin, Justin Laramée, Hugo Latulippe et Francis Monty. Mise en scène de Véronique Côté.