Quoi? La traditionnelle revue de fin d'année du Rideau Vert.Qui? Les interprètes Suzanne Champagne, Martin Héroux, François Maranda, France Parent, Julie Ringuette et Marc St-Martin s'éclatent dans une mise en scène d'Alain Zouvi. Les auteurs Jean-Philippe Durand, Simon Leblond, Nadine Massie, Pascal Roberge et Guillaume St-Onge sont de retour pour la deuxième année.

Où et quand?

Au Théâtre du Rideau Vert jusqu'au 9 janvier

L'étoile du «match»

François Maranda

François Maranda, nouvelle recrue de Revue et corrigée, vole le show! L'humoriste et comédien, qui a eu 40 ans la semaine dernière, a atteint une grande maturité d'interprétation. Il imite avec aisance un Charles Tisseyre décrivant... l'écosystème des douchebags du Beach Club de Pointe-Calumet! Il est excellent en personnifiant Denis Lévesque, Guy A. Lepage et un Philippe Couillard zozotant. Et exceptionnel en mimant une Marina Orsini plus vraie que nature dans un numéro où l'animatrice accueille la famille Fattouche, cinq réfugiés syriens qui viennent d'arriver au Québec. Faire rire aux larmes avec un tel sujet relève du grand art...

Le coup de génie

«La grosse séduction à Longueuil»

Quelle belle idée d'avoir couplé Fred Pellerin et Joël Legendre! Les auteurs ont choisi de créer, à partir des frasques de l'animateur, un petit conte intitulé

La légend(r)e du petit moineau de la rue Victorin, que Fred Pellerin (Martin Héroux) raconte au coin d'un feu. Le moineau est tombé (dans une forêt) sur un méchant gros moineau qui est, en fait, un boeuf qui lui a posé un lapin! Une histoire à la fois drôle et poétique, construite essentiellement avec des noms d'animaux et qui recadre le célèbre fait divers divulgué dans «une feuille de chou» par «une pie qui passait par là». Un coup de génie des auteurs pour dédramatiser, avec humour et compassion, une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre.

La meilleure imitation

France Parent

À sa cinquième participation consécutive à la revue annuelle, l'artiste France Parent fait valoir, une fois de plus, ses grands talents de comédienne. Si elle force sur le crayon en personnifiant Denise Bombardier, elle est exceptionnelle en Pénélope McQuade qui accueille à son émission la transgenre Caitlyn Jenner. Tout y est: l'habillement, la coiffure, la façon de s'asseoir, de plier les jambes, de pencher la tête, de s'exprimer ou encore les questions compliquées. Un beau travail de création... et de copie!

Le moins bon numéro

Les élections fédérales

Les élections fédérales étaient, sans équivoque, l'événement politique de l'année au Canada, mais elles ne semblent pas avoir beaucoup inspiré les auteurs de Revue et corrigée. La saynète avec un «Tom/Thomas Mulcair» séduit dans un premier temps par le Québec et le Canada, incarnés par Julie Ringuette et France Parent, n'aboutissait à rien de particulièrement drôle. Ni la référence au pipeline, ni la venue de «Gilles Duceppe» et de «la candidate du Parti vert», ni même l'apparition de l'heureux élu «Justin Trudeau» (François Maranda), incarné de façon beaucoup plus efficace dans un sketch assez réussi avec «Ti-Mé Paré» et «Pogo». Dommage.

Les meilleures réparties

«Le Beach Club de Pointe-Calumet regorge de glandes mammaires surdimensionnées qui favorisent la prolifération des douchebags

«On apprend que la NASA a trouvé de la glace dans un endroit inhabité: le Centre Vidéotron!»

«P. K. Subban a donné 10 millions à des enfants. Jamais personne n'a donné autant à des enfants depuis Guy Cloutier.»

«Pour bien parler français, tu écoutes TVA Sports et tu dis tout le contraire...»

«Mille millions égale un milliard, mille couillons égale un Couillard.»

«Justin, ça doit te faire tout un effet de marcher dans les traces de break de ton père PET?»

Le verdict

Un bon cru, pas exceptionnel mais plutôt bien écrit.

Les auteurs ont rempli leur mandat avec du punch, du mordant et de belles idées, même si quelques jeux de mots un peu faciles ne faisaient pas 2015! Du bonbon en tout cas pour les acteurs, qui connaissent leur partition sur le bout des doigts. Mis en scène par Alain Zouvi, c'est un spectacle qui fait du bien. Il s'achève en chanson sur l'air de Tous les mêmes, de Stromae, avec un message appuyé sur la tolérance et le vivre-ensemble. Bonne idée en ces temps inquiétants et troublés.