C'était soir de première, hier, pour la compagnie australienne Spiegelworld, qui a installé son vieux chapiteau de chêne à l'abri des regards indiscrets dans un petit recoin du centre-ville de Montréal. Pas de doute, le lieu de cette représentation est la clé de son succès.

Le plaisir des spectateurs en entrant dans la Spiegeltent était palpable. Après tout, nous étions dans la tente où s'est produite la chanteuse allemande Marlene Dietrich dans les années 20! Un joyau de l'Art déco avec ses miroirs, ses vitraux et ses banquettes de velours. Ce n'est pas rien.

Le cabaret acrobatique qui élira domicile tout l'été au Québec a démarré en trombe avec un numéro de contorsion exécuté dans une immense boule de plexiglas suspendue dans les airs. Le ton était donné. Ici, les filles sont en porte-jarretelles et les garçons, torse nu. Il faut s'y faire.

Moins subversif qu'on ne l'aurait cru

Empire est un spectacle de variétés sympathique, mais, sans grande surprise, qui nous est apparu beaucoup moins subversif qu'on ne l'aurait cru (ou espéré...) Main à main, pyramides, roue Cyr, patins à roulettes... Côté acrobatique, on est loin de réinventer la roue... Côté musical, le spectacle a beaucoup d'entrain.

À bien y penser, ce sont les hôtes de la soirée, Oscar et Fanny, qui ont volé la vedette. Le couple multiplie les interactions avec les spectateurs avec le petit grain de folie qu'on attendait. Lui haranguant la foule, elle allant jusqu'à simuler «le chant nuptial d'un dindon sauvage»...

Ces deux-là sont l'âme décadente d'Empire. Dans une scène hilarante, un spectateur est pris à partie par le personnage de Fanny qui lui fait un striptease. Plus tard, le couple jongle avec des morceaux de banane qu'ils se recrachent dans la bouche! C'est dégueulasse, mais on aime!

Jeux icariens impressionnants

Les numéros acrobatiques sont bien exécutés, mais un seul sort vraiment du lot. Il s'agit d'un numéro de jeux icariens (foot juggling) parfaitement exécuté par un duo d'artistes éthiopiens. L'un des moments les plus marquants de la soirée, d'autant plus qu'il était en parfait accord avec la musique.

Le numéro de manipulation qui clôt la soirée est interprété par le Montréalais Memet, qui forme un mobile avec des branches de palmier tenant en équilibre. Un numéro qui exige une concentration de tous les instants, vu il y a trois ans dans le spectacle Amaluna du Cirque du Soleil.

Même s'il s'étire un peu trop longtemps et qu'il met fin prématurément à la soirée, le numéro de Memet a été chaudement applaudi par les spectateurs qui se sont levés d'un bond pour l'ovationner. Dommage, c'était déjà la fin, le public commençait à peine à s'échauffer.

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Jusqu'au 24 mai sous chapiteau au coin de la rue De Bleury et du boulevard René-Lévesque. Puis du 24 juin au 12 juillet à Québec.