Si une seule chose sauve de la médiocrité la pièce de théâtre musical Noël 1933, c'est le talent de ses interprètes. Chapeau aux 11 jeunes comédiens-chanteurs, qui réussissent à briller dans une oeuvre anémique au texte d'une banalité désolante.

Donnée au Théâtre Denise-Pelletier, Noël 1933 est une production du Théâtre Exaltemps. La pièce est de Dominique Grenier. La mince intrigue, qui piétine pendant 1h45 sans entracte, se résume facilement.

Pendant la crise économique, deux groupes de personnages évoluent en parallèle. D'un côté, quatre orphelins jetés à la rue tentent de subsister en chantant et cherchent un endroit où passer la nuit. De l'autre, un groupe de parents et amis de la classe moyenne qui tirent le diable par la queue se préparent à fêter Noël. Parmi eux, le seul personnage coloré est un séminariste ivrogne et antisémite.

Après une succession de scènes sans progression dramatique digne de ce nom, les pauvres orphelins seront sauvés du froid par l'autre groupe, malgré les objections de l'hypocrite religieux, symbole du pouvoir clérical de l'époque.

Les dialogues, superficiels, semblent avoir pour objectif d'illustrer la mentalité du temps, mais ils manquent de finesse, de contenu évocateur et de force poétique. À aucun moment, ces personnages ne nous révèlent leur vie intérieure, leurs pensées ou leurs désirs. Ils ne nous font ni rire ni pleurer, et ce n'est pas la faute des acteurs, mais bien d'une écriture pauvre. Pourtant, le sujet avait du potentiel.

Heureusement, ils chantent

Après une heure, on se surprend, aux dernières notes de chaque chanson, à espérer qu'il s'agit enfin de la conclusion (l'absence de suspense permet de croire que l'histoire pourrait se terminer à tout moment). Mais non, cela repart: voilà qu'ils continuent à marcher dans le froid, à jouer aux cartes et à danser.

Heureusement, ils chantent. Ils chantent même superbement. Tous les comédiens, sans exception, ont une belle voix et leurs interprétations sont peaufinées avec soin. Ils sont aussi très bons au jeu théâtral, faisant ce qu'il est humainement possible de faire pour donner vie et relief à leurs personnages sans profondeur.

Retenons surtout les noms d'Olivier Berthiaume, Marie-Andrée Lemieux, Jean-Sébastien Bonneau, Marise Provencher, Tommy Chouinard et Nathan Lelièvre.

Les harmonisations des airs, chantés a cappella, sont vivantes et riches. La mise en scène de Jean Turcotte, les costumes, les décors et les éclairages servent bien le propos. Dommage que tout ce talent ne soit pas mis au service d'une meilleure pièce.

Mention particulière aux jeunes élèves qui assistaient à la représentation matinale d'hier: ils ont patiemment tenu le coup durant cette interminable pièce sans chahuter, même si l'ennui de plusieurs d'entre eux se devinait à leurs tortillements et à leurs soupirs.