Livres géants, acrobates en bonbon, magnifique ciel étoilé: on peut dire que le Hänsel et Gretel de l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal vaut le détour pour sa féérie et son ingénieuse mise en scène. Une production lumineuse, haute en couleur et pleine de fantaisie.

Habitué du Monument-National, l'Atelier lyrique a pris un risque en donnant son spectacle à la salle Wilfrid-Pelletier. Parviendra-t-on à remplir la salle quatre soirs? C'est un pari qui mérite d'être gagné pour plusieurs raisons: les qualités visuelles du spectacle, l'excellence du jeu scénique des chanteurs et, bien sûr, la beauté de la musique d'Engelbert Humperdinck.

Le metteur en scène Hugo Bélanger et son équipe ont fait de véritables merveilles avec le cinquième du budget d'une production régulière de l'OdM. Les décors, costumes et éclairages, conçus par Odile Gamache, Naomi Fontaine et Julie Basse, sont magnifiques.

On avait invité l'École nationale de cirque à prendre part au spectacle. L'intégration des artistes de cirque est intelligente et réussie, donnant lieu aux scènes les plus mémorables.

La mezzo Emma Char et la soprano Frédérique Drolet, qui jouent respectivement Hänsel et sa soeur Gretel, excellent au jeu scénique et ponctuent leurs airs de petites danses et de mimiques tout à fait rigolotes.

Pour cette première, le spectacle s'est déroulé devant une salle quasi pleine où l'on a pu voir, parmi les spectateurs, plusieurs enfants. Quelques-uns, trop jeunes, ont témoigné plusieurs fois de leur impatience lorsque la scène était statique pendant plus de deux minutes en «chuchotant» à tue-tête: «c'est plate, je veux m'en aller!» On peut les comprendre, puisque l'opéra est en allemand. Les plus petits ne peuvent pas lire les surtitres qui défilent rapidement et comprendre tout ce qui se passe sous leurs yeux. À cinq, ou même six ou sept ans, la belle musique ne suffit pas.

Voix décevantes

Sur le plan vocal, l'émerveillement n'est pas autant au rendez-vous. Tous les interprètes chantent juste et font preuve de musicalité, mais aucune des voix de cette distribution ne se distingue comme impressionnante ou particulièrement prometteuse. N'oublions pas, cependant, qu'il s'agit de jeunes chanteurs encore en formation. Soulignons également l'excellente performance de Rachèle Tremblay dans le rôle de la sorcière.

Frédérique Drolet, en Gretel, peine par moments à se faire entendre dans cette grande salle par-dessus l'orchestre. Une jolie voix de soprano, mais qui trahit ses limites, en particulier dans les aigus. Par contre, elle s'avère une extraordinaire comédienne du début à la fin.

L'orchestre, sous la baguette d'Alain Trudel, est très présent et rend bien justice à la délicieuse partition d'Engelbert Humperdinck, malgré des effectifs réduits à 33 musiciens.