Il y a deux ans, la première rencontre entre Fred Pellerin et l'OSM s'était faite dans un doux délire contagieux. La tuque en mousse de nombril coiffait la joyeuse folie du conteur de Saint-Élie-de-Caxton à laquelle participaient avec un bonheur évident les musiciens classiques et le maestro Kent Nagano.

Le deuxième chapitre de cette collaboration hors de l'ordinaire adopte un autre ton. Bien évidemment, Pellerin a toujours le verbe abondant, l'imagerie foisonnante et le jeu de mots ludique. Mais son Bossu symphonique est davantage une fable moraliste, plus sérieuse, avec un fond de mélancolie, sinon de tristesse, bellement illustré par les emprunts au répertoire classique, de Vaughan Williams à Brahms, en passant par Saint-Saëns et autres Grieg.

Le bossu en question, c'est le Babine d'avant le film du même nom, le fou du village au coeur grand comme ça, rejeté de tous jusqu'à un certain soir de la Saint-Jean. Un Babine que les lutins de la traverse de Saint-Élie transformeront en un beau jeune homme avant de faire subir un sort moins enviable au cupide forgeron «alchimiste» qui transforme le métal en papier.

L'humeur n'est pas à la fête ni à la rigolade, sauf quand Pellerin-Babine fait danser le village en jouant de son harmonica et en tapant du pied, ou quand, à l'invitation du conteur, le maestro fait s'arrêter brusquement puis «reculer» à la manière du traîneau du forgeron son «orchestre symbolique» lancé à vive allure dans l'Ouverture de Guillaume Tell de Rossini. L'effet est spectaculaire et le public en redemande.

Pellerin a toujours de ces flashs qui font rire autant qu'ils émerveillent. Rien de plus normal de la part de l'ex-guide touristique d'un village qui «réside beaucoup dans les bouches».

Il joue avec son public, s'amuse de ses propres trouvailles - «Je le découvre en même temps que vous, le spectacle», dit-il aux spectateurs - et se lance dans quelques envolées surréalistes comme cette mésaventure digne du jour de la Marmotte qui incitera les villageois à fêter le «pendant» plutôt que l'avent.

Au rappel, Pellerin y va d'une chanson de son cru, Il faut que tu saches, l'une des belles de son plus récent album, mais dépouillée de ses atours rock et drapée d'une cape symphonique faite sur mesure pour ce spectacle en demi-teinte qui se terminera sur un appel à l'espoir.

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Le bossu symphonique est présenté jusqu'à jeudi à la Maison symphonique et sera diffusé sur Radio-Canada Télé le 22 décembre à 20h ainsi que, par la suite, sur ARTV et Espace Musique. Info sur osm.ca.