Comme une comète et sa chevelure de glace et de poussières, Réal Béland est en orbite autour de la planète humoristique depuis 25 ans. Mais comme les comètes, qui finissent par se fragmenter, l'humoriste aurait-il perdu de sa force gravitationnelle avec les années?

Son troisième spectacle solo, Une autre planète, dont c'était la première médiatique montréalaise, hier soir au Théâtre St-Denis, n'a pas convaincu, loin de là, voire à des années-lumières de là...

Le spectacle est constitué de numéros introduits par des vidéos explicatives tournées dans un univers... au ras des pâquerettes. Pas la trouvaille du siècle.

Puis l'humoriste arrive sur scène, demande aux spectateurs si certains arrivent de loin. Pas la meilleure entrée en matière, non plus. Il imite Céline Dion... qui envoie un fax puis... un ptérodactyle. Vénus, au secours!

Il révèle ensuite les choix que des membres du public ont fait avant le debut du spectacle, avec l'application X-Agora de Moment Factory qui permet aux spectateurs d'intervenir dans le show. Le choix d'un aquarium se dessine sur l'écran du fond de scène. Pas très révolutionnaire.

Puis le stand-up de Réal Béland débute avec une blague sur les soupes versées dans du pain dans certains restaurants de restauration rapide. «Je préférerais manger une boîte de kleenex trempée dans de la sauce», lance-t-il. Ok.

Puis il nous parle de ses quatre filles, sans beaucoup de tendresse: «Deux Asiatiques, deux pas Asiatiques, deux, j'ai fourré pour et deux, j'ai pas fourré pour.» On finit par se dire que le spectacle va être long. Et il sera long.

Les applaudissements fusent quand il plaisante sur Stephen Harper, puis il poursuit ses blagues d'adolescent qui ont fait son style et sa célébrité. Sur demande, il imite la musique de Dallas, des Sentinelles de l'air, de Goldorak, Albator, Skippy... Et mime son père «qui ronflait comme un ouaouaron». Il enchaîne les onomatopées et les blagues de premier degré. Un numéro sur l'humour présumé de Dieu: «Dans le temps des cavernes, ils devaient se servir des femmes-fontaines pour éteindre des feux», dit-il pour illustrer son thème. Ok. Heureusement qu'il nous prévient qu'il a écrit ce texte «d'un seul jet».

Après 35 minutes, l'héritier de Ti-Gus et Ti-Mousse joue son premier personnage, le joueur de hockey Steve O'djick, un goon victime de nombreuses commotions cérébrales et intellectuellement faible... comme le texte du numéro.

Même le King des ados a perdu de son mordant. «Joël Legendre qui fait un livre de recettes, c'est comme si soeur Angèle écrivait un livre sur le kamasutra.» Ouep...

Sans magie

Après l'entracte, l'humoriste a fait son Monsieur Latreille, qui joue des tours au téléphone, mais sans réel magie. La magie n'était pas non plus au rendez-vous avec son personnage Messkurtz, croisement inintéressant de Messmer et Gary Kurtz. Ni avec Madame sexe et son «essoreuse à scrotum».

À 42 ans, ses niaiseries passent moins bien et surtout, on s'attendrait à un peu plus de substance, d'autant que Réal Béland, «l'homme», n'en manque pas. Mais indéniablement, il y a un public pour ce genre d'humour puisque bien du monde a visiblement passé un bon moment.

Quant aux animations visuelles de Moment Factory, on était à des galaxies de ce que le studio est capable de faire. Un spectacle qu'on n'aura aucun mal à oublier. L'étoile filante dans un trou noir.