Après avoir conquis Broadway et avant de s'installer le mois prochain au théâtre Prince of Wales de Londres où les Beatles ont chanté pour la reine Élisabeth en 1963, Rain s'arrête au Théâtre Maisonneuve le temps de six représentations dont la première avait lieu mercredi.

Ce spectacle en hommage au Fab Four a évolué depuis ses débuts il y a trois décennies et les musiciens américains que vous avez peut-être déjà vus au Théâtre Saint-Denis ont cédé leur place à quatre Britanniques en prévision du séjour londonien.

Ce qui n'a pas changé, c'est le plaisir tangible que procure la musique des Beatles, même si certains classiques n'ont pas été retenus parmi les 32 chansons qui composent la trame musicale du spectacle. Des chansons qui, pour la plupart, sont rendues avec maestria pendant les 100 minutes que dure ce spectacle.

Certaines, comme le doublé Magical Mystery Tour/Strawbery Fields, impressionnent par leur richesse et leur exactitude, tandis que d'autres (Twist and Shout, Revolution) font lever d'un trait le public qui obéit dès que s'allume le signal pour les applaudissements dans le décor du studio de télévision d'Ed Sullivan.

Rain n'a pas le souci du détail un peu maniaque de l'ensemble montréalais The Musical Box qui fait revivre Genesis. Paul McCartney (Emmanuel Angeletti, très ressemblant avec son visage de poupon) est désormais un guitariste droitier et John Lennon (Reuven Gershon, un tantinet surexcité) a presque l'air de Yoko à mesure que les années passent.

Mais ces deux-là jouent, chantent et bougent tellement comme Paul et John que l'illusion est presque parfaite, beaucoup plus en tout cas que pour George (Stephen Hill) et Ringo (Gordon Elsmore), dont l'exécution musicale est toutefois irréprochable.

Ces faux Beatles prennent certaines libertés qui pourraient faire tiquer les puristes. Ainsi, le rappel s'amorce avec Give Peace a Chance du Plastic Ono Band et le sosie de McCartney enchaîne aussitôt au piano avec l'air de Oh My Love que Lennon n'enregistrera pourtant que sur son deuxième album solo après la dissolution des Beatles.

Même si le décor, les costumes et les films d'époque, truqués ou authentiques mais souvent hilarants, situent les Beatles dans le temps, la chronologie ne fait pas foi de tout: In My Life et Here Comes the Sun suivent immédiatement Blackbird parce que même si elles ne sont pas de la même époque, elles s'intègrent parfaitement dans le segment bivouac nourri par les guitares acoustiques.

Quant à While My Guitar Gently Weeps, elle commence comme la version acoustique du spectacle Love du Cirque du Soleil et se termine par un solo de guitare électrique identique à celui d'Eric Clapton, mais joué ici par George.

Les artisans de Rain ont beau jeu. À compter de Sgt. Pepper's, ils peuvent imaginer comment les Beatles auraient joué leurs chansons s'ils n'avaient pas boudé la scène après 1966. Et ils misent sur un atout que John, Paul, George et Ringo n'avaient pas: un cinquième Beatle (Ryan Alex Farmery) qui, derrière eux, produit avec ses claviers tous les autres sons qui composaient la tapisserie musicale du groupe.

Le tout se termine par Hey Jude, que reprend sans se faire prier la chorale des spectateurs. Les gars d'abord, les filles ensuite puis les 18 ans et moins, lance un Paul coquin. Rain est truffé de ces clins d'oeil complices qui, la magie de la musique des Beatles aidant, accroche un sourire aux spectateurs comme aux musiciens.

__________________________________________________________________________

RAIN, A TRIBUTE TO THE BEATLES, au Théâtre Maisonneuve, jeudi et vendredi à 20h, samedi à 14h et 20h et dimanche à 14h.