Avec Le cycle de la boucherie, Dave St-Pierre signe sa quatrième création en 18 mois. Nul doute que, depuis 2010, il est dans un cycle de reconnaissance internationale et de créativité abondante. Avec des éclats de génie, mais aussi des ratés. Le cycle de la boucherie n'a de saignant que la prétention énoncée. Le résultat, lui, n'est ni significatif ni subversif. Loin de la boucherie, c'est plutôt l'aubainerie des clichés.

Pourtant, ça part bien. On attend Dave St-Pierre sur scène en danseur à l'énergie inimitable et on le trouve en directeur de casting habillé jusqu'au menton, qui cuisine neuf interprètes aux physiques hors normes. Mais dès le début de la pièce, l'inattendu s'arrête. Suivent deux heures pendant lesquelles on n'en revient pas de se voir servir tous les clichés sur la surconsommation en général, les liens entre sexe, bouffe et consommation en particulier, sujets déjà souvent traités avec beaucoup plus d'originalité.

Dans cette pièce, la malbouffe est associée à McDo, les humains, à de (chauds) lapins et de (grosses) lapines parqués dans des clapiers, mangeurs, sauteurs, reproducteurs. On crie quand on a du chagrin ou qu'on jouit. L'hémorragie de ketchup finit par étouffer même les sentiments. Les amants sont insatiables, fourchette et couteau en main, se démenant dans une mare de sang et de liquides de tous genres.

L'estocade est donnée quand Dave St-Pierre se lance dans une «réflexion» sur «le financement et la démocratisation de la culture», d'une pertinence mémorable et qui va certainement nourrir ce débat aussi vieux que la création humaine. La création, qui est aussi de la consommation, au cas où ça nous aurait échappé.

Il faut saluer les interprètes, talentueux et courageux. Et souligner la scénographie, la musique et l'éclairage qui, à défaut de sagacité, offrent de jolis moments formels.

Le cycle de la boucherie de Dave St-Pierre, à La Chapelle jusqu'au 17 décembre.