Mis à part un dispositif scénique qui s'avère un peu difficile à ajuster, Odysséo semble prêt pour sa grande première «mondiale» de mardi prochain. «Le cheval attend après la technique», lance Normand Latourelle, producteur de Cavalia, qui présentait mercredi à la presse cinq des quatorze tableaux de ce nouveau spectacle, «grand voyage de l'homme et du cheval à travers les plus beaux paysages que la nature a à offrir».

La forêt se dresse en images de synthèse, un étang vient remplacer (littéralement) une partie de la plaine pour la finale, mais le carrousel mécanique qui sert à un numéro d'acrobatie aérienne, une invention maison de plus de 15 tonnes, a besoin d'un alignement...

Sans «vendre le punch», disons d'emblée qu'Odysséo, tel qu'annoncé par ses concepteurs, propose des choses inédites au strict point de vue équestre - des chevaux en liberté travaillant côte à côte avec des chevaux montés, entre autres - tout en arrivant à une intégration plus poussée entre l'art équestre et les arts de la scène. Une scène de 27 000 pi2 (!) où il se passe pas mal de choses quand les 10 acrobates guinéens la partagent avec autant de chevaux sauteurs.

Pas de bogue dans la musique, par ailleurs, surtout quand le compositeur Michel Cusson tient lui-même la guitare, comme il le fera à la première de mardi. «Il faut quand même rester aux aguets et s'adapter à ce qui se passe sur la piste, qui change toujours d'une fois à l'autre...» S'adapter aussi au fait que l'orchestre - cinq musiciens plus une chanteuse, la Romaine Claudia Paganelli - se retrouve divisé, pour des raisons d'équilibre scénographique: le bassiste et chef d'orchestre, Éric Auclair, le batteur et le guitariste sont du côté parking alors que le saxophoniste, le violoniste et la chanteuse sont du côté paddock. Inusité.

Cinquante ans avec les chevaux

Dans son box, Patof, lui, n'a que faire de toutes ces considérations. Vers 13h30, le magnifique hongre canadien termine sa troisième ration de foin et, comme ses congénères Eagle, Tabernero, Garuda et GeeGee, il sait que la quatrième arrivera à 17h précises et la dernière, après la douche qui suit le spectacle. Un spectacle dans lequel «travaillent» plus de 60 chevaux d'une dizaine de races, poids lourd ardennais et danseurs lusitaniens dont le bien-être est assuré - c'est le mot - par une équipe d'une douzaine de palefreniers-ères dirigée par André Boulais, figure importante du monde équestre québécois.

Le chef des écuries d'Odysséo, 66 ans, travaille avec les chevaux depuis 50 ans: il a entraîné des sauteurs puis dirigé l'élevage des chevaux canadiens au ministère de l'Agriculture avant de concevoir le premier cours de techniques équines de l'Institut de technologie agricole de La Pocatière. Contrairement à celles d'Augias, les écuries d'André Boulais sont toujours propres... «Ici, on a une façon de faire les choses: il n'y a rien qui traîne par terre et les chevaux, qu'ils aillent prendre l'air ou se réchauffer avant un numéro, se déplacent toujours en liberté, même avec un licou.»

Quand ils quittent les écuries, les artistes équins tombent sous la responsabilité du régisseur équestre Marc-Olivier LeProhon, 23 ans, dont quatre avec Cavalia. «Mon travail, avec les trois régisseurs de coulisses, est de m'assurer que les chevaux sont prêts à entrer en piste. Oui, il y a des moments assez denses, comme la transition entre le carrousel et le numéro de trick riding: là, 16 chevaux sortent de piste et il en rentre 24...»

Dans son autre vie, Marc-Olivier avait peur des chevaux...

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Odysséo, à compter de mardi prochain sous le grand chapiteau de Cavalia, au sud-ouest de l'intersection de l'autoroute 15 et du boulevard Saint-Martin, à Laval. Info: 1-866-999-8111.