Le spectacle solo du cofondateur des 7 doigts a été créé discrètement en 2011. Mais depuis six ans, Patinoire a pris du galon. La pièce programmée à la TOHU pendant le temps des Fêtes a été présentée à plus de 150 reprises, au Québec, en France, mais aussi en Espagne, en Suisse et au Chili. La Presse retrace les grandes étapes de cette création originale.

La création

2010. Le cofondateur des 7 doigts, Patrick Léonard, se blesse lors d'une représentation de La vie en Angleterre. Après une opération délicate à un genou, il est condamné au repos pendant plusieurs mois. C'est à ce moment-là qu'il décide de créer un spectacle solo. Il s'adjoint les services du créateur pluridisciplinaire Nicolas Cantin, qu'il qualifie de «maître des moments d'inconfort», pour étoffer son personnage de clown-acrobate. La pièce, qui fait référence au fait qu'il découvre ses talents au fur et à mesure, est créée au Théâtre La Chapelle en 2011. Quatre mois avant la première, Patrick Léonard s'est de nouveau blessé, une fracture à un poignet cette fois, ce qui ne l'a pas empêché de jouer!

La tournée québécoise

Après la première série montréalaise, Patinoire fait l'objet d'une minitournée québécoise. La pièce est représentée 17 fois en 2012. Saguenay, Lévis, Alma, Patrick Léonard fait ce que les 7 doigts n'ont jamais fait: sillonner le Québec. «C'était vraiment emballant, nous raconte-t-il, mais j'allais à la rencontre de gens qui n'étaient pas habitués à voir du cirque. Au Théâtre Michel-Côté [à Alma], je me souviens qu'on avait vendu 11 billets!» Patrick Léonard y cultive son talent d'improvisateur et n'hésite pas à interpeller les spectateurs. «Mon personnage s'est mis à parler beaucoup plus qu'à la création, j'ai dû m'adapter.»

La France

C'est l'un des territoires amis des 7 doigts. Après sa tournée québécoise, Patrick Léonard s'est rendu en France, où il a donné plusieurs représentations de Patinoire. «Il a fallu que j'adapte un peu le texte, dit-il. J'ai remarqué aussi qu'avec le temps, la dramaturgie de Patinoire s'est clarifiée, même si mon personnage est tout le temps surpris par ce qui lui arrive. Par exemple, je porte un costume qui a rétréci. Au départ, c'était drôle, c'est tout. Mais, en fait, ça montre à mon personnage que c'est pas grave, le veston que tu portes, c'est toi qui comptes.»

Le festival d'Avignon

Le festival d'Avignon est l'un des grands happenings des arts de la scène en Europe, mais le succès est loin d'être garanti. Quand un artiste s'y produit, il doit se lever «de bonne heure» pour se faire remarquer. Patrick Léonard s'est élancé en 2013... et il a marqué! Le bouche à oreille a fait son effet et Patinoire a été un triomphe. Au total, il a donné 21 représentations. À mi-chemin, épuisé, il a eu un claquage de la cuisse. «J'ai continué à jouer», raconte-t-il. Ce succès populaire et critique a donné un nouveau souffle à sa pièce qui a attiré les programmateurs et directeurs de festivals.

La TOHU

Quand la direction de la TOHU lui a proposé de reprendre sa pièce, Patrick Léonard n'a pas hésité. Seul hic, il n'a pas joué Patinoire depuis environ un an. Le temps qui passe est un enjeu pour l'artiste de cirque âgé de 48 ans. «Je dois apprendre à gérer mon énergie, nous explique-t-il. Je dois aussi m'étirer plus longtemps avant de commencer, parce que physiquement, c'est quand même exigeant. La différence, c'est que les erreurs sont plus dommageables pour moi.» Qu'à cela ne tienne, Patrick Léonard aimerait créer un nouveau spectacle solo, «peut-être en ajoutant des marionnettes», laisse-t-il tomber. À suivre.

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Patinoire, à la TOHU du 19 décembre au 6 janvier 2018