Le Cirque du Soleil poursuit sa série hommage en présentant à partir de ce soir Tout écartillé,  un spectacle porté par l'imaginaire débridé de Robert Charlebois, à l'amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières. La Presse a assisté aux répétitions de quelques numéros et fait un tour dans l'atelier de costumes de cette production d'envergure mise en scène par Jean-Guy Legault.

Robert Charlebois confiant

Admirateur du Cirque du Soleil depuis toujours, Robert Charlebois considère Tout écartillé comme une consécration. «Ils ne se sont pas plantés pour Beau Dommage et ça leur a fait une belle répétition pour moi!», lance-t-il à la blague. «J'ai enregistré une quinzaine de mes chansons pour les besoins du spectacle. Jean-Phi Goncalves avait accès à toutes mes anciennes bandes 24 pistes, mais il n'a pas retrouvé les voix originales. Alors je l'ai rechanté, mais en mieux! Le son a fait des progrès immenses en 50 ans et je trouve que je les chante mieux. Je contrôle mieux ma mystérieuse colonne d'air», confie Charlebois.

Sur les ailes de Lindberg

«On est partis de la chanson Lindberg et de son personnage, cette espèce de fou qui a traversé l'Atlantique sans savoir s'il arriverait de l'autre bord! C'est le voyage qu'on fait avec Robert et son univers. L'acrobatie devient un des médiums à travers lesquels on raconte des histoires. Mais c'est très émotif. Tu écoutes Ordinaire et tu ne peux qu'être touché. Robert a traversé les époques et il est encore aussi gamin que dans le temps. C'est sûr qu'à certains moments, il y avait de la couleur et à d'autres, du noir et blanc. Ça vous donne un indice sur le spectacle!», lance Daniel Fortin, directeur création exécutif chez 45 Degrees/Cirque du Soleil et directeur artistique de Tout écartillé.

De Lindberg à Charlebois

Le jongleur Eric Bates incarnera le personnage de Lindberg. On le voit ici en train de jongler avec des boîtes à cigares. «Lindberg est ce beau personnage qui a marqué d'une certaine façon l'histoire sans nécessairement avoir ça en tête. Il y a de cela dans Robert aussi: en repoussant les limites, il est devenu cette icône rebelle dans sa façon d'être, dans ses chansons et sa manière de confronter son oeuvre à l'époque. Dans le spectacle, on suit la quête de ce personnage de voyager dans l'imaginaire comme dans le réel», explique le metteur en scène Jean-Guy Legault.

Des surprises musicales

«J'ai écouté 375 chansons de Robert Charlebois. Je voulais amener sa musique ailleurs et créer des surprises. Il y a des tounes incontournables et on a voulu faire en sorte que les gens s'y reconnaissent. On a commencé par enregistrer sa voix sous l'arrangement original, puis on a tout reconstruit. Il va tout découvrir à la première! C'est aussi varié que l'univers de Charlebois. On passe d'une époque à l'autre, d'un style à l'autre. C'est assez pété! Le mot "rebelle" est assez présent dans sa musique. C'est très énergique, ça va être dur pour les gens de rester assis pendant tout le spectacle», promet le directeur musical Jean-Phi Goncalves.

Des numéros aériens

Trois cents mètres de tissu ont été utilisés dans Tout écartillé. «Ce numéro aérien à cinq tissus [dont deux dans le public] se déroule sur la chanson Le mont Athos, une des préférées de Robert. C'est un hommage, alors il fallait lui faire plaisir!», explique Jean-Guy Legault. «On appelle ce numéro Le scaphandre, car on est dans les profondeurs des fonds marins. Souvent, les astronautes vont s'entraîner dans l'eau avant d'aller dans l'espace. Il y a cette idée de voyage perpétuel et d'apesanteur», précise-t-il.

C'est sur la mythique Fu Manchu que l'artiste québécois de diabolo Dominique Bouchard va quant à lui s'exécuter. «On a travaillé avec lui en Russie dans le temps des Fêtes. Il est allé se perfectionner à Taiwan. Il est impressionnant», lance Daniel Fortin.

Les costumes

La conceptrice des costumes, Marilène Bastien, a pu compter sur une équipe d'une quinzaine de personnes pour réaliser les 130 costumes, 50 perruques et 160 paires de chaussures de Tout écartillé. «On touche autant aux années 60 qu'au rétrofuturisme. Les perruques sont un clin d'oeil à l'époque yé-yé. C'est un gros défi, car elles ne doivent pas bloquer la vue et rester bien fixées. On a fait appel à un coiffeur pour des ajustements individuels, dit-elle. La plupart des costumes ont été testés. Il faut mettre beaucoup de tension sur les matières. Le mât chinois est la bête noire des costumes, car il est très adhérent. Celui qui est en train de sécher ici appartient à un acrobate très costaud. À la vitesse où il fait ses manoeuvres, quand il arrête, tout déchire!»

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À l'amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières jusqu'au 13 août.