Après une première série de représentations à Montréal à la TOHU, le nouveau spectacle des 7 doigts de la main, Cuisine et confessions, s'est installé à Paris dans la salle de La Cigale jusqu'au 3 janvier. C'est sans compter les spectacles Traces et Patinoire présentés dans des théâtres d'Aix-en-Provence et de Marseille. Bienvenue en France, «un haut lieu du cirque contemporain, là où le mouvement a débuté», dixit l'un des cofondateurs de la troupe montréalaise, Sébastien Soldevila.

Laetitia Grailhes voyait un troisième spectacle des 7 doigts de la main à La Cigale, hier soir, dans le quartier Montmartre. «Dès que la troupe passe à Paris, je regarde si je peux venir la voir.»

La jeune femme a tout autant apprécié Cuisine et confessions, dont c'était la première parisienne. «C'est plus théâtral, moins dans la performance, mais c'est toujours un univers intéressant avec une vraie histoire.»

«Je connaissais Les 7 doigts, mais je n'avais jamais vu ses spectacles, a dit à La Presse sa voisine, Amélie Brault. Cela m'a beaucoup stressée, car j'avais peur de voir les artistes tomber! Mais je trouve qu'ils disent beaucoup de choses. C'est profond et divertissant. Un mélange de danse, de théâtre et d'expression libre dans une prise de risque permanente», a indiqué celle qui travaille dans la boîte qui produit les spectacles de Louis-José Houde à Paris.

Il y avait des fauteuils d'invités vides à la première parisienne du tout nouveau spectacle des 7 doigts de la main, hier soir, mais l'ovation nourrie à la fin du spectacle a largement compensé leur absence.

De nature «autobiographique», Cuisine et confessions se base sur les histoires de ses neuf artistes aux nationalités multiples. Il y a beaucoup d'interactions avec le public, et «un effacement du quatrième mur», indique Sébastien Soldevila, rencontré trois heures avant le spectacle qu'il a mis en scène avec sa femme Shana Carroll. La cuisine est un lieu «de rassemblement et d'héritage». Comme le cirque, «la cuisine demande de l'improvisation et une grande part de technique», souligne l'un des cofondateurs des 7 doigts de la main.

Il y a eu quelques petits ratés dans les numéros, hier soir, mais rien de majeur. «Le spectacle est tout neuf. Nous avons fait 25 représentations, rappelle Sébastien Soldevila. Il n'y a jamais de fixation de l'oeuvre. Nous sommes toujours en train de travailler, surtout l'humour, qui doit être adapté à chaque pays.»

Située dans le quartier Montmartre, La Cigale est une salle de spectacle de 800 places à la programmation surtout musicale où se sont produits récemment Pierre Lapointe et Peter Peter. «Les gens achètent des billets d'un spectacle parce qu'il est présenté à La Cigale. Le lieu lui-même attire du monde.»

Un triplé à Marseille

«Nous sommes très présents en France actuellement», souligne la responsable des communications des 7 doigts de la main, Marion Bellin. «C'est la septième fois que nous passons à Paris», ajoute-t-elle.

Deux autres spectacles de la troupe montréalaise - que le quotidien français Le Monde classe parmi les «plus fameuses compagnies de cirque au monde» - sont à l'affiche dans des théâtres de Dominique Bluzet situés à Aix-en-Provence et Marseille, soit Traces et Patinoire. «On a fait un triplé à Marseille avec Cuisine et confessions et il y a des gens qui sont venus voir les trois spectacles», indique Sébastien Soldevila.

Sur le territoire français, Les 7 doigts de la main bâtit ses tournées avec Blueline Productions et AUGURI Productions. «Nous avons développé un réseau basé sur la confiance, explique Sébastien Soldevila. Même si les diffuseurs n'ont pas vu nos nouvelles créations, nous avons des théâtres qui nous font assez confiance pour programmer un spectacle qu'ils n'ont pas vu.»

Depuis ses premiers pas en France en 2005, Les 7 doigts de la main y a donné plus de 600 représentations qui ont attiré 350 000 spectateurs.

En Italie et en Espagne, la crise économique rend les choses plus difficiles.

À l'inverse, «la France est le pays où il y a le plus de compagnies de cirque au monde», dixit Sébastien Soldevila. «Au Québec, on en compte peut-être une dizaine avec les dernières de la nouvelle génération, alors qu'en France, au bas mot, on en compte peut-être 300. C'est un haut lieu du cirque contemporain, là où le mouvement a débuté.»

«Mais le mouvement québécois est différent, poursuit-il. Au Québec, il se rapproche plus de la danse, alors qu'en France, c'est plus proche du théâtre.»

Né à Paris, Sébastien Soldevila s'est établi à Montréal en 1997 pour travailler avec le Cirque du Soleil, où il a rencontré ses futurs complices des 7 doigts de la main.

En France, l'État finance largement l'art du cirque. «Nous, les subventions représentent 7% de notre budget. Ici, c'est en moyenne de 50 à 70%.»

Le public suit. Laetitia Grailhes essaie de voir deux spectacles de cirque par année. «Cela m'a toujours plu», dit la Parisienne qui travaille dans l'industrie de la musique.

Et «à la grosse chevalerie du Cirque du Soleil, qu'elle aime bien aussi», elle préfère le cadre intimiste et contemporain des spectacles des 7 doigts de la main.