L'aventure mexicaine du Cirque du Soleil a commencé hier soir avec la présentation officielle de Joya, son nouveau spectacle permanent. Outre ce projet de souper-spectacle sur la Riviera Maya, le Cirque a annoncé la construction d'un parc thématique à Nuevo Vallarta. La Presse s'est entretenue de ces projets mexicains avec le PDG du Cirque, Daniel Lamarre.

La flotte du Cirque du Soleil, avec ses 19 spectacles à l'affiche actuellement, peut compter sur un nouveau vaisseau qui lui permettra peut-être de compenser, au moins en partie, les quelque 452 pertes d'emplois des deux dernières années. À l'heure où le Cirque s'affaire à diversifier son offre, la direction espère créer au moins 175 emplois seulement avec ses projets mexicains.

Mais pourquoi le Mexique? «Le Cirque du Soleil a toujours eu beaucoup de succès avec ses spectacles de tournée au Mexique, souligne son PDG, Daniel Lamarre. Notre spectacle Michael Jackson: The Immortal World Tour, par exemple, a fracassé des records de vente de billets», illustre-t-il.

Cela dit, si le Cirque du Soleil a jeté son dévolu sur le Mexique, c'est surtout pour séduire sa clientèle touristique, en hausse constante depuis 2005.

«Notre stratégie est mexicaine, mais elle deviendra, je l'espère, mondiale. Cette entente-là [avec le groupe Vidanta] nous permet de faire une percée dans des marchés où nous n'étions pas présents historiquement, soit dans les marchés de destination touristique», explique Daniel Lamarre.

Le groupe Vidanta, promoteur de complexes hôteliers au Mexique et en Amérique latine, peut en effet compter sur une clientèle de touristes réguliers, dont de nombreux copropriétaires d'appartements à temps partagé. C'est Vidanta qui a construit le Théâtre du Cirque, à proximité du Grand Mayan Resort, l'un des cinq hôtels du groupe sur la Riviera Maya.

Rien à voir, toutefois, avec Las Vegas, où le Cirque a huit spectacles permanents fréquentés par des millions de touristes.

«Las Vegas est vraiment dans une classe à part, souligne Daniel Lamarre. Il n'y a pas un endroit au monde qui attire 40 millions de visiteurs par année! Pour percer d'autres types de marchés où le volume de touristes est moins élevé, on a visé des lieux où les touristes restent plus longtemps, comme Cancún...»

Un public captif

Le Cirque du Soleil mise en effet sur les quelque 10 millions de touristes qui visitent Cancún chaque année. La région côtière de la Riviera Maya réunit à elle seule une quarantaine d'hôtels de type «tout-inclus» où il n'y a pratiquement aucune offre de divertissement.

Daniel Lamarre, qui commande la flotte depuis plus de 10 ans, estime que le Cirque du Soleil doit continuer à proposer de nouveaux contenus et à diversifier son offre pour assurer sa croissance.

«Joya est vraiment différent de nos autres spectacles, note-t-il. D'abord, on parle d'un spectacle doublé d'une expérience culinaire, puisque les gens se feront servir un repas gastronomique. On parle aussi d'un théâtre de 600 places, alors qu'on dénombre de 1600 à 2000 places dans nos théâtres de Vegas. C'est donc une expérience beaucoup plus intime pour les spectateurs.»

Le village du Cirque

Ces jours-ci, le Cirque se lance également dans la construction d'un parc d'attractions à Nuevo Vallarta, toujours avec le groupe Vidanta.

«Ça fait des années que Guy [Laliberté] parle d'un lieu de destination «Cirque du Soleil». C'est à cela qu'on travaille: à la construction d'un village Cirque du Soleil.»

Comme dans le cas du Théâtre du Cirque du Soleil, c'est Vidanta qui assurera entièrement le financement de ce «village». Le «parc thématique immersif», animé par le Cirque du Soleil, sera prêt en 2018. Il s'agira de deux grands sites d'activités, dont un parc d'eau et un parc nature, où le Cirque pourra présenter un spectacle devant 3000 à 5000 personnes.

«Le risque financier est assumé par Vidanta. On peut donc se concentrer sur ce qu'on aime faire, c'est-à-dire développer du contenu artistique. On a aussi retenu les droits de propriété intellectuelle, alors si un autre promoteur veut implanter le projet ailleurs, cette propriété nous appartient.»

En contrepartie, le groupe Vidanta partagera les bénéfices provenant de la vente de billets. «Ils [Vidanta] sont convaincus qu'avec la force de la marque du Cirque du Soleil, ils vont attirer une nouvelle clientèle, évalue Daniel Lamarre. Beaucoup de gens des sites environnants vont venir vivre cette expérience. C'est un engagement à long terme.»