Peu de gens le savent, mais Geneviève Bessette est l'une des pionnières du cerceau aérien, une discipline de cirque qui n'existait pas il y a 20 ans. Après avoir parcouru la planète avec le Cirque du Soleil, voici qu'elle présente son premier spectacle solo.

Elle avait 11 ans lorsqu'elle a commencé sa scolarité à l'École nationale de cirque. 

À l'époque, les locaux de l'École se trouvaient à la gare Dalhousie et le cerceau n'était pas encore un appareil de cirque. Son entraîneur n'était nul autre qu'André Simard, ex-gymnaste de l'équipe canadienne, qui a formé de nombreux trapézistes.

«Depuis le début de ma formation en cirque, je voulais me spécialiser dans une discipline aérienne», raconte Geneviève Bessette.

«Pour inaugurer le programme de sport-études, nous avions été invités dans un festival à Auch, en France. C'est là que j'ai vu un cerceau pour la première fois...»

Geneviève Bessette rêve de ce cerceau. Un jour, André Simard prend la mesure de ses jambes, de manière à ce que, couchée sur le dos, ses orteils touchent la barre du haut. Quelque temps plus tard, il lui remet un cerceau tout neuf. «C'est encore avec ce cerceau-là que je performe aujourd'hui», raconte l'artiste de cirque. 

C'est ce cerceau, adapté aux jambes d'une enfant de 12 ans, qui est devenu le prototype du cerceau tel qu'on le connaît aujourd'hui. 

Les cerceaux ne sont pas plus grands? lui demande-t-on. «On retrouve bien sûr plusieurs grandeurs de cerceaux, répond Geneviève Bessette, mais la grandeur de mon cerceau [36 pouces de hauteur] est devenue la norme. Ce n'est pas une grandeur pour enfants. C'est ça qui est drôle!»

Dès sa sortie de l'école, elle remporte des concours avec sa partenaire Émilie Grenon-Émiroglou, notamment au Festival mondial du cirque de demain, à Paris. L'École nationale en fait une discipline à part entière et offre une spécialisation en cerceau. 

En 1995, elle fait partie de la distribution de Quidam, où elle présente le premier numéro de cerceau aérien du Cirque du Soleil. L'artiste montréalaise crée un autre numéro de cerceau dans le spectacle Dralion, du Cirque, qu'elle présente pendant deux ans.

Créer son spectacle

À 37 ans, Geneviève Bessette avait envie de créer son propre spectacle. «Un bonbon», dit-elle, qui lui donnerait la liberté de faire exactement ce dont elle a envie. 

C'est son amoureux, Marshall Garfield, lui aussi ex-gymnaste de l'équipe canadienne qui a travaillé pendant près de 10 ans au Cirque du Soleil comme entraîneur, qui signe la mise en scène de Je suis parce que nous sommes. Son but était de montrer tout le talent et la créativité de sa protégée. 

Ce spectacle-performance composé d'une dizaine de tableaux est centré sur le thème de la «présence féminine». Il a été construit «comme si toutes les femmes étaient reliées entre elles par des liens invisibles». Geneviève Bessette y incarnera de nombreux personnages mêlant théâtre et cirque, certains parlants, d'autres non.

On y verra bien sûr trois numéros de cerceaux. Des numéros que l'artiste de cirque qualifie de «trilogie» et qui puiseront dans sa recherche des 20 dernières années.

«Dans le numéro d'ouverture, il y a des ombres chinoises et Geneviève incarne plusieurs personnages de femmes avec un bout de tissu, nous dit Marshall Garfield. Des femmes qui nous ont inspirés à travers le monde. J'ai essayé de montrer toute l'habileté du mouvement de Geneviève à travers ces histoires.»

Les créateurs de Je suis parce que nous sommes ont bon espoir de faire une tournée européenne et nord-américaine avec ce spectacle. Celui d'une femme, pionnière du cerceau, qui interprète aussi son propre rôle. 

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Du 9 au 11 octobre au Monument-National.