C'est par un après-midi glacial que le Cirque du Soleil a hissé son chapiteau de 2600 places, hier, dans le Vieux-Port de Montréal.

Deux ans après y avoir présenté Amaluna - dans une mise en scène de Diane Paulus -, le Cirque s'apprête à y créer Kurios. Cabinet des curiosités, que l'on pourra voir à partir du 24 avril. Le spectacle doté d'un budget de 27 millions portera la signature de Michel Laprise, qui a notamment travaillé avec Madonna.

Le Cirque a déjà annoncé des supplémentaires jusqu'au 29 juin. Le spectacle sera ensuite présenté à Québec, avant d'entamer sa vie de tournée.

La levée du chapiteau s'est faite en présence des 46 artistes qui participent à cette 35e production. Plus de la moitié d'entre eux proviennent de la Russie, de la Biélorussie et de l'Ukraine. Tous ont déjà travaillé sur une production du Cirque du Soleil. Cinq d'entre eux ont joué dans Iris, à Los Angeles.

«Je voulais travailler avec des Russes, affirme Michel Laprise. Parce qu'il y a une profondeur dans leur culture acrobatique. Les artistes russes ont un bagage vraiment intéressant. Quand on se promène à Moscou, il y a partout des statues de compositeurs, de peintres, d'écrivains. Ils sont empreints de cette culture.

«C'est aussi parce que je voulais avoir un numéro de groupe russe, qui repose sur l'habileté des corps. Je ne peux pas vous révéler le punch, mais ce numéro compte 12 personnes à lui seul.»

Des numéros inédits

Le metteur en scène, qui a commencé à travailler avec les artistes en janvier, a déjà fait trois enchaînements complets de la pièce. «Je voulais avoir une vue d'ensemble assez rapidement pour pouvoir jouer dedans après. C'est l'avantage du Cirque: les équipes sont tout le temps là.»

Tous les numéros de Kurios ont été créés spécialement pour ce spectacle. Mais la plus grande pression, selon le metteur en scène, c'est de trouver quelque chose de nouveau à dire.

«Pour moi, c'est un spectacle sur l'éveil. Quand tu regardes ta montre et qu'il est 11h11, tu as le sentiment que tout peut arriver ou que ce qui va arriver a un sens mystérieux. Notre spectacle se déroule à ce moment précis. Je veux que ce soit divertissant, mais je veux aussi inspirer la vie des gens.»

Inspiration

Michel Laprise, lui, s'est inspiré des cabinets de curiosités du XVIe siècle, qui sont les ancêtres des musées.

«Les gens se questionnaient sur le sens du monde, rappelle-t-il. Ils créaient des microcosmes. Il y avait le monde végétal, animal, minéral et toutes sortes de choses étranges qu'on ne comprenait pas. Au fond, c'était une fascination pour l'inexplicable. Pour moi, c'est une métaphore de ce qu'est un spectacle de cirque.»

Le metteur en scène voulait des artistes dotés du sens de la vocation. «Je cherchais des gens disciplinés, mais capables de contribuer à la création, ce qu'on retrouve beaucoup dans les nouvelles compagnies de cirque, explique-t-il. Je suis très content de ce que ça a donné.»