Après le spectacle-ovni Le murmure du coquelicot, présenté l'automne dernier au TNM, il faisait bon de revoir les 7 doigts de la main dans leur élément cirque, avec toute la théâtralité qu'on leur connaît, sans la pesanteur des mots.

S'il est un spectacle qui résume bien le travail de la troupe de cirque montréalaise, c'est bien Traces. Pendant une heure trente, les sept interprètes - pour la plupart nés en 1990 - multiplient les chorégraphies acrobatiques avec fougue et intensité.

Il y a bien sûr quelques numéros individuels remarquables, mais Traces se distingue d'abord par ses tableaux de groupe. Par la performance, mais aussi par l'expression de la vulnérabilité de ses interprètes.

Nous sommes bien sûr en présence d'artistes de cirque. Mais ces jeunes-là sont beaucoup plus que ça. Ils chantent, dansent, dessinent, jouent du piano, de la guitare, font du skateboard, du patin à roulettes, du basket... et même de l'humour.

Mieux, ils s'adressent directement à nous, le public. Se révélant à nous petit à petit. Tout cela dans un seul et unique but: laisser une trace. Créer des liens aussi. Essentiellement grâce à leur créativité. Dans une lutte (perdue d'avance) contre le temps qui file.

Depuis la création de Traces, en 2006, cinq équipes d'artistes ont été formées. On a pu les voir deux fois à la TOHU, mais aussi à Québec et à Sherbrooke. Sans compter la virée new-yorkaise et les tournées européennes. Chaque fois, le spectacle est unique. Marqué par la personnalité des interprètes.



La distribution actuelle, formée il y a à peine quelques mois, est peut-être moins flamboyante que certaines autres, chacun aura son avis là-dessus. Peu importe. Ils parviennent quand même à nous toucher. Pas juste par leurs performances. Mais par leur présence même sur scène.

L'unique fille du groupe, Anne-Marie Godin, diplômée de l'École de cirque de Québec, fait preuve de beaucoup de caractère. Que ce soit dans son numéro de main à main, aux sangles ou dans le très beau numéro de fauteuil inclinable, où elle multiplie les positions de lecture.

Mathieu Cloutier, également de Québec, est certainement l'un des piliers de cette équipe. On le voit dans à peu près tous les numéros, mais plus particulièrement au mât chinois, à la roue Cyr, en patins à roulettes, au piano et à la guitare, où il interprète La folie en quatre de Daniel Bélanger.

On regrette de n'avoir pu voir la nouvelle recrue des 7 doigts, Hou Kai, le soir de la première. Il semble que des délais administratifs ont retardé son arrivée. Le jeune acrobate chinois entrevu dans un entraînement il y a quelques semaines est un phénomène. Il devrait se joindre à la troupe actuelle d'ici la fin de la semaine.

Enfin, le numéro final aux anneaux chinois conclut parfaitement le spectacle avec le tic tac du temps qui passe et qui annonce la fin du spectacle... et l'arrivée prochaine de notre heure de tombée... Soutenus par la foule à chacun de leurs sauts périlleux, on peut dire que ce nouveau clan des sept ramène Traces avec beaucoup de grâce.

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À la TOHU jusqu'au 4 janvier.